Brookklyn était assit dans ce bureau depuis le matin. Il était arrivé en Angleterre un petit peu avant 8 h le matin. On l’avait emmené jusqu’à la base des soldats américains où on l’avait ensuite installé dans ce bureau pour qu’il patiente jusqu’à ce que quelqu’un « vienne pour lui ». Alors que le jeune homme aurait pu rentrer chez lui dès son arrivée, le sergent chef qui s’occupait de lui depuis son rapatriement avait refusé de le laisser partir tout seul. On l’avait autorisé à passer un appel. On lui avait dit qu’on avait prévenu sa femme et qu’elle venait le chercher, il avait donc décider d’appeler ses parents pour leur dire la bonne nouvelle, pour leur dire qu’il était en vie, et… qu’il allait « bien ».
Après les cris de sa mère, ses pleures et enfin ses messages d’amour le jeune homme avait enfin réussi à avoir un semblant de conversation avec elle et quand il lui déclara que c’était Faith qui venait le chercher sa maman s’était tout de suite arrêté et avait alors répliqué « Faith ? Elle vient seule ? tu es certain ? ». Il en avait pas fallut plus pour comprendre ce qu’il s’était passé durant sa mort. Il avait été absent pendant… quatre ans. Alors il était évident que Faith avait refait sa vie. Et heureusement dans un sens, il était censé être mort non ? mais… non. Il ne voulait pas se résigner à savoir ça. Il ne pouvait pas croire ça.
Le jeune homme fixait cette tasse de café depuis son arrivée le matin. Il avait refusé de manger quoi que ce soit et n’avait même pas trempé les lèvres dans sa boisson. Quand la porte du bureau s’ouvrit alors et qu’il vit arriver Faith habiller d’une robe qui lui disait vaguement quelque chose. Il fronça les sourcils en entendant la voix de la jeune femme. Elle avait changé, plus… marquée, triste et… désespérée. « Brooklyn… » ; « C’est moi Faith…. » comme s’il avait été incapable de la reconnaître. Pourtant il l’aurait reconnu au milieu d’une foule de personne, il serait même allé décrocher la lune pour elle ! Il était un temps où il aurait été capable de faire n’importe quoi même retourner se battre pour elle. Mais. Non. Il ne pouvait pas imaginer une seule seconde pouvoir repartir là bas. « Je vais m’approcher doucement » . Brooklyn se leva alors d’un geste et fit les gros yeux en secouant la tête de gauche à droite en se mordant l’intérieur de la joue.

-Faith… Je… j’aurais du demander à ce que ce soit ma mère qui vienne. Elle … elle m’a dit.

Souffla-t-il alors d’une voix fatiguée en sentant son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, comme s’il allait se décrocher de son corps, partir et le laisser là sur place sans qu’il puisse dire ou faire quoi que ce soit. Il glissa une main tremblante dans ses cheveux en sentant son regard se brouiller, sa mâchoire trembler et ses jambes vaciller.
Déchirer entre l’envie d’aller retrouver ses bras. De pouvoir la serrer contre lui, d’aller retrouver ses lèvres, regouter à sa bouche acidulée et terriblement sucré. Pouvoir glisser ses doigts dans ses boucles brunes, plonger son regard dans ses yeux noisette. Pouvoir l’avoir pour lui.
Il aurait voulu que tout ça soit différent, il aurait voulu ne jamais s’être engagé à l’armée en définitif. Il détestait la vie. Il détestait sa putain de vie.

Faith avait changé. Elle avait peut-être toujours son grand regard noisette, ses longs cheveux bouclés et ses magnifiques lèvres en forme de cœur mais elle était changée. Il y avait quelque chose qui avait changé chez elle. La jeune femme semblait plus mûre, plus… marqué ? Comme si elle avait été marqué par la vie, portant sur ses épaules quelque chose d’immense qui l’empêchait de pouvoir profiter pleinement de la vie.
« je suis désolée, veux-tu que je parte ? » . Bien évidemment que non qu’il ne voulait pas. Enfin si… oui mais non ! Maintenant qu’elle était là il ne voulait pas la voir partir. Et de toute façon vu le comportement totalement contraire à ce qu’elle venait de dire elle ne comptait pas partir non plus… elle venait de s’asseoir en face de lui sur une des chaises de bureau posant son sac sur la table et sortant un papier dont il ne pouvait pas voir ce qu’il y avait dessus, puisqu’elle l’avait mit face contre le bois du bureau. Et il n’eut pas le temps de reprendre la parole qu’elle réenchainait derrière « Ta mère t’as dit quoi exactement ? » .
Il baissa les yeux en se pinçant les lèvres, avant de secouer la tête de gauche à droite en inspirant profondément. Il avait vécu pendant si longtemps dans la peur, l’oubli et la douleur qu’il n’avait pas imaginé que son retour puisse être aussi douloureux. Il s’était toujours dit que la première chose qu’il ferait en rentrant chez lui serait de retrouver sa petite femme, et de serrer sa fille dans ses bras.

-Ce qu’elle m’a dit ? Que tu vivais avec quelqu’un d’autre. Et que MA fille l’appelait papa.

Il releva alors le regard vers elle, les yeux rougis et les larmes aux yeux. Brooklyn n’avait jamais été ainsi par le passé. Toujours fort et sûr de lui, il avait été un pilier important pour toute sa famille. Que ce soit pour sa petite sœur ou bien pour Faith. Mais là… il ne ressemblait plus à l’homme qu’il était. On lui avait peut-être fait prendre une douche, coupé ses cheveux et rasé sa barbe à son retour au pays, on l’avait habillé de vêtement propre à la mode, mais il n’était plus que l’ombre de lui même en définitif.
Il y quelques années, il aurait été capable de faire un scandale face à cette situation, il aurait rabattu Faith plus bat que terre en lui disant qu’il était inadmissible qu’elle ait laissé un homme comme ça prendre cette place dans le cœur de leur fille. Qu’elle refasse sa vie, rencontre un homme qui puisse la combler, etc.. C’était une chose, mais qu’elle laisse leur fille appeler un parfait inconnu « papa » ? non.
Mais aujourd’hui après quatre ans à vivre dans la peur, le noir et la moiteur d’une vieille cellule iranienne il n’avait pas la force de lutter contre ça. Tout ce qui le préoccupait c’était de savoir ce qu’il allait maintenant pouvoir faire. Et la première chose était de savoir où est-ce qu’il allait pouvoir se réfugier pour se protéger du monde extérieur. Où est-ce qu’il allait vivre ?

-où est-ce que je vais pouvoir vivre maintenant moi… je n’ai surement plus ma place chez moi… où est-ce que je vais aller Faith ?

Demanda-t-il d’une petite voix en se pinçant les lèvres sentant son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, et le stresse monter en lui. Il agita nerveusement sa tête de gauche à droite, fermant les yeux et se retournant alors contre la grande baie vitrée qui se trouvait derrière lui en plaquant ses mains contre la vitre froide en essayant de se calmer. Et bon dieu que c’était difficile de se calmer.

Faith avait pensé qu’il était mort. On avait dû l’appeler un matin et lui annoncer la mort de son mari. Au lieu de lui annoncer sa disparition, on lui avait annoncé sa mort. Personne n’avait comprit que lui et trois autres de ses camarades avaient été kidnappés par des djihadistes. Personne ne s’était inquiété de savoir s’il y avait eut des survivant à l’attaque des son camps quatre ans plus tôt. Pour elle, il avait été déclaré mort.
« je sais sue tu ne veux pas d'explication mais je n'ai pas voulue te remplacer, Savannah était insupportable dans ce café a courir  partout et moi qui commandait un café perdue dans mes pensée . Tu sais a qui je pensais ? a toi , oui a toi tu hantais mes pensées . Savannah et partie toute seule vers la sortie et lui Julian est arrivé. Il a attrapé ma fille avant qu'elle poussa la porte et me la ramener. J'ai craque dans ses bras . » ; « « je lui ai parle de toi, qu'on venait de m'annonce ta mort , que j'étais perdue. Que même si je savais que cela pouvait arriver je m'y étais jamais préparé » ; Et pourtant c’était bien arrivé, on lui avait annoncé la mort de son mari alors que ce n’était pas réellement le cas. Le jeune homme aurait voulu que les choses se passent autrement, qu’on puisse lui donner une chance de retourner en arrière et de ne pas s’engager dans cette putain d’armée.. mais il était bien trop tard pour ça. « « Je ne suis pas amoureuse de lui , le seule homme de ma vie c'est toi. » ; « « chaque jour je pense a toi , chaque secondes de ma vie. Elle avait besoin d'un repère ,» .
Le jeune homme secoua alors la tête de gauche à droite en se pinçant les lèvres, renifflant légèrement avant de reprendre la parole.

-Et tu lui as dis quoi à notre fille ? Sait-elle au moins que j’existe dans ce monde ou elle n’a aucune idée de cela et elle ne connaît que cet homme. Elle avait peut-être besoin d’une repère mais elle n’avait surement pas besoin de l’appeler papa.  

Et quand il sentit la main de Faith venir se poser contre son dos, il sursauta d’un seul coup et se redressa en se retournant et faisant un pas en arrière en se mordant l’intérieur de la joue. Incapable d’accepter que quelqu’un ne puisse le toucher. Même sa propre « femme » ? pouvait-il encore parler de Faith ainsi ? Qui était-elle maintenant ? Sa femme ? Son ex-femme ? La mère de sa fille ? une vieille connaissance ? Une étrangère.. ?
A sa proposition de le loger dans un studio seul, dans un coin de la ville, dans une rue, seul, il sentit son corps trembler comme une feuille et il attrapa finalement la clé en faisant bien attention à ne pas avoir de contact physique avec elle. Il serra la petite clé en métal entre ses mains, sentant son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine comme si il allait s’en échapper. Il se mordit l’intérieur de la joue, avala sa salive avec difficulté et souffla alors d’une petite voix.

-je veux rentrer chez moi… je veux pas aller là bas Faith. Je… je ne veux pas être seul dans le noir. Je ne peux pas. C’est… impossible. Je ne peux pas…  

Avait-il dit en baissant les yeux sur ses pieds en serrant la clé qu’il venait pourtant de prendre entre ses doigts. Il n’avait qu’une envie ; pouvoir rentrer chez lui. Il voulait ensuite prendre une douche bien chaude, enfiler une vieux pyjama tout doux et pouvoir se glisser entre les draps de son lit et de sentir la chaleur réparatrice et protectrice de son cocon. Il ne voulait pas rentrer aller dans un endroit qui lui était totalement étranger, seul…

-ou tu me ramènes chez mes parents… mais je ne veux pas être tout seul...