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Il était là, accoudé à une table du Starbuck Coffe, le regard perdu dans le vide. Son café était devant lui mais il n'y prêtait pas attention, à vrai dire il était plus préoccupé par l'une des affaires dont il devait s'occuper. Isaac Morgan était un bourreau de travail, ça ce n'était un secret pour personne. Il s'était toujours investie avec ardeur dans tout ce qu'il entreprenait et ce depuis bien avant d'être entré au lycée. Isaac était réputé pour être un élève sérieux, travailleur, mais aussi le genre de garçon qui ne savait pas s'amuser. Il avait beaucoup grandit depuis l'époque du lycée et sa famille avait même été surprise de ne pas le voir commencer des études après avoir décroché son diplôme. Il avait eu de bonnes raisons de le faire même si au final il avait été déçu de certaines décisions. Se souvenir du passé n'était pas quelque chose qu'il faisait habituellement et cela ne le deviendrait jamais, préférant nettement se concentrer sur son avenir qu'il espérait sans embûches. Finalement, il se décida à boire une gorgée de son café. Au contact de ses lèvres il commença à sentir toute l'amertume du liquide qui avala sans difficulté, pourtant il détestait ça. Peut-être en buvait-il pour faire comme tout le monde ou peut-être pas... Mais c'était devenu une sorte de rituel. Il venait là, buvait un café et repartait aussitôt remettre le nez dans les dossiers. Sa vie n'était pas des plus palpitante mais il trouvait toujours des moments à apprécier. La sonnerie de son portable le fit réagir, enfin. Un sourire s'afficha sur son visage quand il vit le nom de la personne qui voulait le joindre. Il décrocha. Oui je passerai ce soir. Au fur et à mesure de la conversation son sourire s'élargit. C'est avec des personnes telles qu'Olivia ou des moments passés avec elle qu'il se disait que sa vie n'était pas si ennuyante que ça. J'ai un cadeau pour ta fille. Cette fois il n'oublierait pas de prendre des fleurs, Olivia adorait ça.

Il but une dernière gorgé avant de se lever. Il lui restait pas mal de travail avant de partir rejoindre sa petite-amie. Isaac était à quelques mètres de la porte quand une jeune femme entra dans le café. Dans sa tête c'était les montagnes russes... Une foule de questions et de pensées lui venaient à l'esprit. Tellement qu'il en avait presque mal à la tête. Sans parler de son rythme cardiaque qui s'accélérait au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Il ne pouvait décrocher son regard de la jeune femme qui s'approcha du comptoir pour commander. Durant un court instant c'était comme s'il n'y avait plus personne autour de lui. Cela ne pouvait pas être elle. C'était plus fort que lui, il devait en avoir le net et au lieu de sortir du lieu il attendit qu'elle aille s'asseoir dans un coin du café. Ensuite, sans hésiter il marcha jusqu'à la jeune femme et s'installa en face. S'il avait fait erreur il pouvait toujours inventer une excuse mais là plus de doute, pourtant c'est impossible. Wendy... Ce n'était pas une question comme lorsqu'on interpelle quelqu'un. Non cela ressemblait plutôt à l'affirmation d'un homme qui venait de voir apparaître devant lui un fantôme du passé.

De retour à Brighton depuis un peu plus de vingt-quatre heures et Wendy est déjà déstabilisée par tout. Autant par sa mémoire qui se souvient de tous les noms de rues et de tous les endroits qu'elle visitait que par les gens qu'elle croisait tous les jours qui lui sont devenue de simples inconnus aujourd'hui. Chaque visage qu'elle croisait la terrorisait. Une partie d'elle voulait qu'ils se souviennent d'elle et une autre était soulager quand on la traitait comme une simple passante dans la rue. Wendy marchait la tête basse et n'osait pas croiser le regard de beaucoup de gens. Raconter son histoire n'était pas le problème, le problème était qu'elle devrait dire pourquoi elle est en ville. La simple pensée du visage de Isaac l'étourdissait. Elle ne voulait pas le blessé. Elle avait toute même abandonné dans le passé et jamais elle  ne lui avait fait savoir si elle était en vie ou non. C'est un geste assez égoïste, elle le savait, mais c'est facile d'enfouir ses remords dans nos souvenirs quand l'homme qui les causes est outre mer.

L'horloge interne de la douce Simmons était toujours déréglé. Pour elle, il était neuf heure plus tôt. C'était comme si la matinée s'apprêtait à terminer, mais qu'elle n'avait pas vraiment dormi de la nuit. Son vol avait été beaucoup trop stressant, elle s'imaginait toutes les façons qu'elle pourrait aborder son mari. Bonjour, je ne suis pas morte, après dix ans, tu veux divorcer... Aucune façon qu'elle aurait pu inventer la soulageait. Dans toutes les circonstances, elle lui devait des explications auxquelles elle n'avait pas vraiment de réponses assez belles pour guérir la blessure qu'elle avait du laissé en lui.

C'est dans un Starbuck qui n'était pas ouvert alors qu'elle vivait ici qu'elle pensait trouver refuge. La déco ne pourrait pas lui rappeler des souvenirs, elle n'y était jamais aller dans sa vie antérieur. Elle avait vérifier rapidement par la porte d'entrée si elle reconnaîtrait la serveuse. La réponse était non, alors elle se dit qu'elle pourrait essayer de se détendre en cachant son joli minois derrière un livre et un thé vert. Ainsi, personne ne verrait son visage et elle pourrait reprendre des forces avant de faire le plein de courage pour confronter son passé. Elle devrait manger un petit quelque chose, mais le point énorme lui reste au coeur, de l'angoisse, qui l'empêche de concevoir qu'elle pourrait mettre de la nourriture dans sa bouche. Sa médication demande à ce qu'elle consomme quelque chose lorsqu'elle la prend, mais même celle-ci lui donne une sorte de nausée.

Wendy avait à peine commencer la lecture de son livre qu'une voix l'interpella. Cette voix elle la connaissait par coeur. Elle avait peut-être un peu vieillie, mais elle savait qui se tenait devant elle. Son coeur a probablement sauter un battement lorsqu'elle l'entendu prononcer son nom. Elle n'était pas préparer et n'avait pas les papiers qu'il devait signer avec elle. La peur de la confrontation avait probablement rendu ses lèvres pâles, puisque son coeur semblait s'être arraché de lui-même pour atterrir au sol. Lentement, elle déposa son livre, comme si celui-ci la protégeait vraiment de la réaction de l'homme qui la connaissait si bien. « Isaac. » Son ton était malaisé et confus. Elle devait ajouter quelque chose. Il était assit devant elle, une personne qu'il croyait morte depuis longtemps surement. Son visage parlait pour lui, le choc était évident. « Comment vas-tu? » Idiote, idiote, idiote, est ce que la douce se répétait en tête. Elle aurait voulu s'excuser, mais éviter le sujet lui semblait plus simple. Pour l'espace d'une grande respiration, elle ferma les paupières et dans un souffle s'excusa piteusement. « Je m'excuse, je sais que j'aurais du te donner signe de vie avant. » Elle avait honte et réalisait qu'elle ne lui avait jamais écrit ou ne l'avait jamais contacter, par peur de savoir qu'il avait refait sa vie sans elle.