on avancera en pleine lumière, cernés par les doutes
« Tu m’emmerdes putain ! » Et tu claques la porte de cet appartement que vous partagez plus ou moins depuis un an.  Ziggy et toi, c’est cette relation trop bizarre que personne ne comprend vraiment. C’est calme et tendre. Puis foutrement explosif. Et c’est libre. Très libre. Lui et toi, vous avez toujours été comme ça. Pas comme les autres. Peut-être à cause de ses parents. Deux grands hippies. Finalement, ils t’ont un peu élevé comme leur fille. Alors comme eux, t’as ce coté un peu volage. Puis t’as ce goût pour la liberté. Pour la vie. Et c’est joli à voir. Cette amour pour la vie.
Et voila, t’es comme une conne à fuir l’appartement parce que Ziggy y était avec une meuf. Lui et son putain d’air innocent. « Bah quoi ? » Bah quoi quoi ? Connard. T’as envie de lui en coller une. Tu t’en fou qu’il aille voir ailleurs mais putain, pas dans ton lit. T’façon, tu devais aller garder une maison d’riche. Un de tes petits boulots parmi tant d’autres. T’y seras juste plus tôt que prévu.

Finalement, la nuit est tombée vite. Et tu t’retrouves dans cette maison trop grande. Trop chère. Assise sur le canapé, les jambes repliées sur ta poitrine, tu laisses tes pensées divaguer. Et tu t’égares un peu vers le futur. Ce futur qui t’effraie tant. Trop loin. Trop menaçant. Parce que, finalement, tu sais pas faire grand chose. T’as pas vraiment fait d’étude. T’as simplement cette créativité au bout des doigts additionnée à une peur intense de s’engager et de suivre des règles. Bonne à rien quoi.
Tu sursautes en entend un bruit venu d’un peu plus loin. Et tu te lèves. Pour aller voir. Sûrement une connerie. Un chat (y’a un chat dans c’te maison ?) ou un truc qui est tombé. Tu avances silencieusement jusqu’à le voir. Un mec habillé en noir avec un vase dans la main. La lune éclaire vaguement son visage concentré. Et elle sort toute seule la phrase. Sans passer par la case cerveau. « Vous faites quoi ? » Tu l’fixes. Ce mec un peu tordu. Il se tourne vers toi sans reposer le vase. Un petit coup d’oeil à l’objet te suffit pour comprendre qu’il vaut probablement une fortune. Et y’a cette voix un peu autoritaire qui s’échappe de tes lèvres. « J'vous conseille de reposer le vase là où il se trouvait » Tu t’es même pas dit que c’était p’tête une connerie de t’être montrée. Tu l’as juste fait. C’est tout. Puis la connerie te renvient en pleine gueule. Avec un joli pistolet en prime. Y’a ton coeur qui s’sert. Fort. Bordel, tu veux pas crever là toi …
Et rapidement, tout s'enchaîne sans que tu ne comprennes rien. T’es juste là, spectatrice de ta déchéance. Tes mains sont accrochées ensemble dans ton dos avec du scotch. Ta bouche est bâillonnée. Et tu trembles, la peur au ventre. La gamine courageuse et grande gueule n’en mène pas large...