"time to open up babe"
ft. freya ★ crédit@tumblr.

Depuis quelques temps, Jamie a la très désagréable impression que Freya lui cache quelque chose, sa petite Freya, si calme et si ouverte d'habitude. Peut-être qu'il se fait des films, parce qu'il a toujours eu tendance à vouloir la protéger un peu trop et l'arrivée d'Oliver dans sa vie n'a pas du tout arrangé ce genre de tendance, plutôt le contraire. Il lui semble bien pourtant qu'elle n'en dit pas assez ou qu'elle s'épanche trop sur certains sujets pour éviter d'attirer son attention sur le reste. Il est un peu perdu à vrai dire et lorsque Chuck lui propose, s'il le souhaite, de passer la soirée dehors pendant qu'elle s'occupe de leur fils, Jamie saute sur l'occasion. Il y a des jours où il se demande pourquoi il n'est plus amoureux d'elle tant cette fille est géniale. C'est le genre de réflexions qui lui donnent envie d'aller flirter avec le fond d'une bouteille de whisky, fait suffisamment étrange pour être noté, alors avant de se laisser à des tendances qu'il regrettera plus tard, il se rue littéralement sur son portable. La logique voudrait qu'il demande d'abord à Freya si elle est libre mais la logique craint, de manière générale. C'est donc l'un de leurs restaurants préférés de Brighton qu'il contacte en premier, pour être certain d'avoir une table lorsqu'il arrivera un peu plus tard. Puis et seulement une fois la réservation faite, il envoie un texto des plus laconiques à son amie. toi, moi, l'aguadulce, 20h. Pas très galant, c'est vrai mais il ose espérer qu'elle ne lui posera pas un lapin pour lui donner une leçon de politesse. Il file à la douche sans plus un regard pour son portable. Et puis si elle dit non, tant pis, il n'aura qu'à passer un rapide coup de fil à Freddie. Ce n'est pas dans leurs habitudes de se voir le soir, loin de là, mais elle appréciera probablement bien une bonne pizza.

Après avoir sauté dans les premières fringues qui lui sont tombées sous la main, avoir embrassé son fils et son ex, puis sorti sa vieille voiture du garage, Jamie arrive finalement au restaurant dont le parking est à moitié vide. C'est parfait, au moins ils s'entendront parler, si toutefois elle se décide à lui parler. Parce que d'accord, oui, il est un peu paranoïaque sur les bords, il se fait volontiers du souci pour rien mais il y a bien quelque chose qui ne va pas avec Freya. Il la connaît depuis un bail, il sait comment elle fonctionne à force et il sent, il le sent que quelque chose cloche. Pourquoi ne lui en a-t-elle pas encore parlé, il n'en sait rien et il espère sincèrement que ce n'est pas par manque de confiance. Il lui dit tout, lui confie tout parce qu'il sait pertinemment qu'elle le gardera pour elle, puisqu'il fait de même, ça a toujours marché comme ça.

Il enfonce les mains au fond des poches de son manteau, regarde à gauche, à droite dans l'espoir d'apercevoir la petite brune. Parce qu'elle va venir, forcément qu'elle va venir. Elle ne lui poserait tout de même pas un lapin, si ? Non, pas Freya ou c'est en tout cas ce qu'il se répète en se maudissant d'avoir eu cette idée si tard. On invite pas une fille à dîner à dix-huit heures pour le soir même, c'est ridicule. C'est Jamie, du Jamie tout craché.

"time to open up babe"
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Il s'est pas dit une seule seconde qu'elle pourrait ne pas venir alors qu'au fond, ça lui apprendrait à prévenir si tard si elle ne venait pas. Elle n'a pas répondu de toute manière, alors il ne lui reste qu'à attendre. Soit son portable déconne à nouveau, soit recevoir un message pareil a agacé Freya et elle s'est dit qu'elle allait le faire mariner un peu, histoire qu'il ne recommence pas. C'est pourtant pas dans les habitudes de Jamie de faire ce genre de plans mais là c'est surtout l'occasion qui lui manquait. Il lui arrive d'oublier qu'il n'a que vingt-trois ans avec le boulot, les responsabilités et surtout Oliver. Les gens de son âge n'ont pas d'enfant et souvent ils n'ont même pas encore fini leurs études. Jamie, il fait un peu tâche parfois. C'est le type qui ne boit pas, pas parce qu'il conduit mais parce qu'il ne peut pas se permettre de s'enivrer alors qu'il doit s'occuper de son fils le lendemain, c'est aussi le mec qui quitte les bars et les restos à vingt-deux heures mais jamais plus parce qu'il a un boulot prenant et qu'il peut pas du tout se pointer au salon avec la tête dans le cul. Souvent il refuse, il envoie bouler Alyssa et les autres parce que Chuck n'est pas là ou parce qu'elle en a pas envie de passer encore une soirée toute seule. Ils comprennent pas forcément mais tant pis pour eux. Là c'est une chance limite inespérée, Charlotte lui propose rarement de sortir comme ça et comme il a besoin de voir Freya, il lui a pas vraiment laissé le choix.

(Dans sa tête, c'est bien plus logique que ça).

Elle arrive au bout d'un moment et il est tellement soulagé de la voir qu'il ne pense même pas à la vanner sur son retard. Il pourrait pourtant parce que c'est pas la première fois que ça lui arrive mais à côté de ça, c'est lui qui a un peu abusé en lui envoyant un message si tard. Mais bon elle est là, lui aussi et elle se charge même de pointer son propre regard du doigt. Il sourit et secoue la tête pour lui faire comprendre que c'est pas bien grave avant de se baisser un peu pour embrasser sa joue. « Nan, t'inquiète, j'étais un peu à la bourre aussi » Enfin presque mais il va pas non plus lui passer un savon pour quelques minutes passées dehors, à l'attendre, c'est pas grave. « On entre ? Je meurs de faim. Tellement faim je pourrais m'enfiler un pot pour bébé et crois-moi, c'est vraiment écœurant » Tellement écœurant qu'il a expressément refusé d'en racheter ou même d'en redonner à Oliver après en avoir goûté un parce qu'il était hors de question de donner un truc aussi immonde à manger à son fils. Mais pour le coup Jamie est vraiment affamé et il ne retient pas le grand sourire qui naît sur ses lèvres en entrant dans le restaurant. Une table les attend certainement, ici ou là et avec un peu de chance, dans moins de vingt minutes on lui amènera une énorme pizza. Il prend toujours le plus grand modèle quand il vient ici, c'est la tradition.

imagine que martin luther king ait dit : « j’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».

picture @tumblr ✤ quote ~ friends.
Manquer une soirée avec Jamie ? Non, je raterai ça pour rien au monde. On va s'asseoir, on va manger, on va se raconter nos idées et se confier tous nos petits secrets et franchement, ça me convient parfaitement. Comme toujours. Parfois, c'est difficile d'accorder nos emplois du temps, Jamie est assez pris avec son boulot et son petit bout de chou, ce que je conçois parfaitement. Et puis, moi, avec mes études, certains jours je m'endors sur mes cours parce que j'ai trop étudié. Bien que je ne sois pas dans sa situation, j'essaie donc de comprendre du mieux que je peux. J'arrive près de Jamie qui me fait un bisous sur la joue, le pauvre chou est tellement plus grand que moi qu'il doit se baisser. Un jour il se cassera le dos et ce sera de ma faute. « Nan, t'inquiète, j'étais un peu à la bourre aussi » cette phrase à le don de me remonter le moral et de me faire sourire, au final, il est là, c'est que ce qui importe. Mais je vois que monsieur est aussi impatient que moi à l'idée de manger. Impression qui se transforme en réalité quelques secondes plus tard. « Je meurs de faim. Tellement faim je pourrais m'enfiler un pot pour bébé et crois-moi, c'est vraiment écœurant » je me met à rire, mon dieu, je comprend ça, quand j'ai faim, je me jetterais sur tout ce qui passe (que ce soit clair, je parle bien de nourriture, pas de mecs, d'accord). « Allons-y. » Je souris à Jamie et on finit par rentrer dans le restaurant et là, Jamie se met à sourire, ce qui m'arrache un petit rictus. C'est trop mignon, on dirait un enfant à qui on va offrir le plus beau cadeau du monde. Jamie étant l'enfant, la pizza géante était le cadeau. En même temps, la nourriture est un véritable cadeau du ciel. Le restaurant n'est pas vraiment rempli, ce qui m'arrange parce que ça veut dire qu'on aura pas a attendre que ce soit pour une table ou bien pour manger. On est conduit à notre table par l’hôtesse qui, par la même occasion, nous donne des menus. Elle repart après nous avoir dit qu'un serveur viendrait vite s'occuper de nous. Si il y'a bien un menu de restaurant que je connais par cœur, c'est celui de l'Aguadulce. « Tu vas bien depuis la dernière fois qu'on s'est vus ? » Pas que ça remonte à des années non plus mais il nous arrive de passer quelques jours sans nous voir et savoir vraiment papoter. Les textos c'est pas la même chose. C'est vrai que de la manière dont je lui demande ce qui s'est passé de beau depuis la dernière fois qu'on s'est vus donne l'impression que l'on ne s'est pas parlé depuis des années. J'aurais probablement dû formuler ça autrement mais il comprendra. Et puis, je suis frustrée tellement j'ai faim. « Merci de m'avoir proposé de sortir, ça fait du bien de mettre le nez dehors... » Surtout qu'en ce moment, c'est pas la grande forme. Je pense que tout le monde à dû s'en douter, ça fait quelques jours que je suis pas vraiment sortie de chez moi, sauf pour aller en cours. Appartement – université. Université – appartement. La grande joie.

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[color=#33cc99]« Jamie »[/color]
[color=#cc66cc]« Freya »[/color]

"time to open up babe"
ft. freya ★ crédit@tumblr.

Il est content de la voir, vraiment content. Il en est venu très facilement à la considérer comme de la famille, comme une frangine parce que c'est tellement facile de discuter avec elle. Pas de jugement, de la rigolade et du soutien, juste ça depuis le début. Pas d’ambiguïté comme certains le pensent sans doute, Freya, il l'a jamais envisagée comme ça et il l'envisagera jamais comme ça. Il lui fait la bise parce qu'il a toujours fait ça et c'est tout, rien de plus. Ils finissent par entrer, pour le plus grand bonheur de Jamie qui ne peut pas s'empêcher de sourire jusqu'à ce qu'on les installe à une table. Il s'empare du menu sans vraiment le voir parce a) il vient suffisamment ici pour le connaître par cœur et b) il sait déjà ce qu'il veut. Son métabolisme est l'un de ses meilleurs potes depuis qu'il est môme, il a toujours pu manger n'importe quoi sans prendre une gramme. C'était même un problème quand il était gamin puis l'adolescence est passée par là et il a résolu ses problèmes de poids sans pour autant manger plus ou manger moins.

Il tapote distraitement sur la table comment il va bien pouvoir amener son amie à lui parler plus ouvertement qu'elle ne le fait d'habitude quand elle prend la parole. Elle lui coupe un peu l'herbe sous le pied mais en même temps, il ne va pas s'en plaindre. Jamie sait écouter mais il n'a jamais été très doué pour provoquer la moindre confidence. Ça vient naturellement avec l'aura d'éponge émotionnelle, paraît-il. « Ça va. Bien même. Ollie, le salon, tout ça, ça va bien » Dans sa tête, il se dit qu'il a tout du type qui essaie de se convaincre autant lui-même que son interlocuteur mais d'un autre côté, c'est rien d'autre que la vérité. Il va bien, il va très bien, même si il est dans le même état depuis trois ans. C'est pas bien grave, il s'est habitué et puis il n'est pas là pour parler de lui. « Et toi alors ? Tu en mets toujours plein la vue aux fils à papa de la fac ? » Il plaisante, il en rigole mais il les jalouse un peu quand même, ces mecs-là. Des fois, il peut pas s'empêcher de penser qu'il aurait bien aimé aller à l'université mais la vie en a décidé autrement et c'est sans doute pas plus mal. Sa petite routine lui convient tout à fait et c'est d'ailleurs là-dessus que Freya enchaîne, le faisant sourire. « M'en parles pas. Je vis entre quatre murs, que ce soit au salon ou à la maison » Enfin, c'est pas exactement vrai, il lui arrive d'aller déjeuner avec Freddie mais avaler un sandwich sur un banc en trois minutes chrono est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une balade. « Mais dis, je croyais qu'à la fac, on passait sa vie dehors ? M'aurait-on menti ? » Il feint le choc et met une main sur son torse en écarquillant les yeux, sous le regard moqueur de leur serveur qui s'approche, calepin et stylo en main. Jamie passe commande et insiste sur la nécessité d'avoir du fromage, beaucoup de fromage, et de la crème, beaucoup de crème, sur sa pizza baltique. C'est nécessaire, priorités, tout ça. « Tu peux te lâcher, précise-t-il à Freya en chuchotant, je ne dirai rien » Ni à propos de son assiette ni à propos du reste mais il est encore un peu tôt pour dire ce genre de choses. Elle le sait de toute façon, il faut juste qu'il parvienne à la mettre en confiance.

imagine que martin luther king ait dit : « j’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».

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Une petite soirée agréable en perspective. On est installés et on est prêt à commencer à papoter, comme on le fait souvent. C'est à dire, sans pouvoir s'arrêter. Parce que c'est toujours ainsi. Mais je remarque que j'ai du mal à papoter et à ouvrir mon cœur ces derniers temps. Et je sais parfaitement qu'il l'a remarqué parce qu'il remarque tout ! « Ça va. Bien même. Ollie, le salon, tout ça, ça va bien » C'est le mensonge le plus connu du monde ''je vais bien, ne t'en fais pas''. On l'a tous sorti un jour, je ne suis ni la première, ni la dernière, je ne vois donc pas l'intérêt de jeter la pierre à quiconque. Mais Jamie, lorsqu'il me dit qu'il va bien, je le crois, je le sais. Mais bon, il n’échappera quand même pas à mes questions et il me sait très bien. « Et toi alors ? Tu en mets toujours plein la vue aux fils à papa de la fac ? » Cette question, j'aurais pu la flairer même en étant à l'autre bout du monde, il va petit à petit amener au sujet délicat et sensible qu'est ma vie amoureuse. Il est au courant que j'ai jamais eu de bol de ce côté là et que c'est pas prêt de changer. « Oh, tu sais, les mecs de la fac sont pas vraiment intéressants... » Non, moi j'aime les plus mecs plus âgés, genre, le mec de ma sœur. Je sais très bien que je vais finir par tout expliquer à Jamie mais je me laisse cinq petites minutes de répits, en me demandant comme je vais pouvoir lui expliquer que mon beau-frère a prévu de quitter ma sœur pour passer plus de temps avec moi sans trop avoir de remords ? On a commencé à papoter et j'avoue à Jamie que ça me fait plaisir de pouvoir sortir et je vois qu'il est tout aussi enthousiaste à ce sujet que je ne le suis. « M'en parles pas. Je vis entre quatre murs, que ce soit au salon ou à la maison » On est deux, j'ai vraiment l'impression d'être constamment enfermée et de rater une partie de ma jeunesse, c'est fou. De son côté, il a une vie de famille et un boulot prenant c'est donc pas comparable mais je sais très bien que quand j'aurais un boulot, j'aurais probablement encore moins de temps que je n'en ai maintenant. « Mais dis, je croyais qu'à la fac, on passait sa vie dehors ? M'aurait-on menti ? » Je pouffe de rire à le voir faire l'idiot et le mec à moitié choqué. Passer sa vie dehors en étant en fac, oui, si on veut foirer ses études et sa vie. Selon moi surtout. Je me suis engagée dans un cursus scolaire qui me plaît et au prix que les études coûtent j'ai envie de dire que je préfère m'enfermer à la maison où a la bibliothèque. « Non, pas vraiment. Mais moi j'ai pas envie de finir serveuse au Starbucks donc je bosse comme une dingue pour pas me planter. » Je n'ai rien contre les serveuses du Starbucks, au contraire, disons simplement que j'ai pas envie de trimer autant pour me planter. Ce n'est juste pas la vie que j'ai choisi, tout simplement. Je souris à Jamie, il est tellement adorable. Il n'y a pas d'autres mots. Il passe commande avant de se retourner de nouveau vers moi. « Tu peux te lâcher, je ne dirai rien » dit-il en chuchotant. Je décide alors de l'imiter. « D'accord. » Et puis, je reprend mon sérieux afin de prendre commande. On commence par le légendaire verre de Chardonnay. Oui, absolument, j'y tiens à mon verre de vin blanc, j'y tiens comme à ma propre vie. Et je finis par commander une pizza avec un tas de lardons et surtout, beaucoup de fromages. Une pizza sans fromage, c'est pas une pizza. Et basta. Jamie aime la nourriture, surtout sa pizza. Et moi, je suis pareil, avec la nourriture de manière général. Le serveur finit par s'éloigner et c'est à ce moment là que je décide de commencer à expliquer à Jamie ce qui se passe actuellement dans ma petite vie. « Je sais très bien que tu ne me jugeras pas mais je trouve que je suis vraiment une personne horrible, j'ai fait quelque chose d'horrible. » Je parle d'une voix assez douce, calme, même si il n'y a pas beaucoup de monde dans le restaurant, je n'ai pas envie que tout le monde soit au courant de l'horrible personne que je suis. « Je t'ai expliqué que Talya, ma grande sœur est fiancée ? » Je l'ai probablement mentionné oui mais avec Calvin qui arrive à me retourner le cerveau, j'ai du mal à voir clair dans toute cette histoire.

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