Tes pensées sont occupées. Tu ne peux t’empêcher d’y penser ; mais dans le même temps, tu te demandes si c’est une bien bonne idée. Tu ne sais pas quoi faire. Tu réfléchis encore et encore. Tu cogites, tu pèses les pours et les contres. Tu repenses à ce qu’elle t’a dit de lui. Tu ne sais pas, tu ne sais plus. Tu te dis que peut-être il est tout près, et la minute d’après tu te dis qu’il est peut-être mort. Tu es là, assis sur le sofa du salon, comme une loque, une bière à la main. Il est à peine deux heures de l’après-midi. Tu ne dors pas beaucoup ces derniers temps, heureusement aujourd’hui tu étais en repos. Pas besoin d’aller travailler, pas besoin de prétendre aller bien devant la ribambelle de mouflets à la piscine. T’as seule bonne action du jour se résumait à aller voir la jolie russe et son nouvel appartement. Heureusement pour toi, elle ne vivait pas à l’autre bout de la ville mais juste à quelques rues d’ici. Tu ressemblais un peu à un zombie avec ton teint blafard et la vieille guenille que tu portais depuis le matin. Ce vieux tee-shirt délavé et légèrement trop grand laissait entrevoir tes différents tatouages certes, mais aussi ton grand désintérêt soudain pour la mode. Aujourd’hui serait une journée peinarde. Tu allais prendre une bonne douche, pour t’aider à te débarrasser de cette odeur de malpropre et de cette tête de fauve ébouriffée. Tu restes sous l’eau chaude si longtemps, que la peau de tes doigts commençait à flétrir. La vapeur d’eau avait envie la salle de bain. Tu sors de là, plus propre, avec une haleine plus fraiche, avec des habits décents et surtout une coiffure presque impeccable. T’avais déjà meilleure mine même si tu semblais encore fatigué. Tu chopes deux trois trucs indispensables comme ta belle montre et ton cellulaire. Tu pianotes doucement sur les touches, écrivant un bref message à la jolie rousse pour lui prévenir de ton arrivée sous peu. Une fois fait, tu embarque un paquet de mouchoirs dans ta poche. Utilité, on ne sait pas. C’était une habitude, après tout ça peut toujours dépanner. Tu enfiles une paire de baskets confortables, ferme la porte à double tours et descends la rue. Tu te rappelles le numéro qu’elle t’avait donné et commences alors à chercher la bonne adresse. Tu croises quelques personnes en chemin, des chiens, des enfants... Effectivement, ce n’était pas très loin. Tu avais marché à peine un bon quart d’heure avant d’arriver devant le bâtiment.

Ding dong. Tu lâches la sonnette et attends qu’elle vienne t’ouvrir. Le voisinage avait l’air sympa aux premiers coups d’œil. Tu balayes tes idées malsaines et esquisses un petit sourire avant même qu’elle n’est ouvert la porte. Tu ne veux pas lui paraître désespéré ou inanimé. Aleksandra, c’était une bonne amie à toi. Tu l’appréciais énormément. Oui, sinon tu ne l’aurais jamais accueillis chez toi, cela va de soit… Quand son doux visage apparut dans l’entrebâillement de la porte, tu ne pus t'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. « Salut toi. » Et tu lui offres une légère bise sur sa joue teintée de rose.