Sujet: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Mar 2 Juin - 4:22
C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...
Skye & Blake
I BET MY LIFE ON YOU ✻✻✻ Cela fait désormais trois jours que je suis rentré à Brighton. Il m’a fallut deux bonnes journées pour me remettre – plus ou moins – du décalage horaire. J’ai passé deux jours dans mon lit dans ma petite chambre d’hôtel. La plupart du temps à dormir, mais également à réfléchir à un plan d’action. Oui parce que l’être doué que je suis à pris un billet d’avion sur un coup de tête, mais je n’ai pas du tout prévu quelconque retrouvailles. Je ne suis pas là uniquement pour revoir ma ville natale. Je suis là pour une seule chose : Alyssa. Autant je me sentais confiant en partant de Sydney, autant désormais j’ai l’impression d’être un petit garçon sans défense. Hier, je me suis surpris à vouloir essayer de joindre mon père. Je me suis pris une sacré claque dans la gueule. J’ai pleuré pendant une heure sous ma couette et j’ai finis par appeler Andrea en sanglotant comme un petit garçon de trois ans. Il lui a fallut près de deux heures pour me calmer et au final je me suis endormi au téléphone. J’ai encore du mal à faire sans mon père. Il était mon repère et lui il aurait trouvé les mots pour me donner le courage d’aller frapper à la porte d’Alyssa. J’ai son adresse dans mon téléphone, son papa a été assez gentil pour me la donner. Donc voilà où j’en suis. Je crois que j’ai imaginé tous les scénarios possible et imaginable. Le père Dawson n’as rien voulu me dire, par conséquent je ne sais même pas si Alyssa est en couple ou pas. Aller savoir pourquoi, j’ai vraiment besoin de savoir cela. Pourtant ce n’est pas comme si son célibat pourrait changer quelque chose en soit. Je suis en couple de mon côté. Enfin. Je finis par en divaguer tellement je pense uniquement à Alyssa. Il m’a fallut trois jours, mais aujourd’hui je me sens prêt. Il faut que je la voie. Maintenant. On est Dimanche et je sais parfaitement ou je vais pouvoir la trouver. Je sais d’avance que je ne vais pas forcément être très bien accueilli, mais je sais aussi que là-bas elle ne pourra pas m’échapper. Son père risque de m’en vouloir, mais honnêtement je m’en fiche totalement. Oui je vais faire ça ! Je me lève rapidement et prends une bonne douche. Je me rase et prends le temps de bien m’habiller. Je récupère ma béquille et me regarde dans le miroir de la chambre. Je déteste cette béquille, je peux plus la voir en peinture, mais sans cela je finis les journées en hurlant de douleur dans mon lit. Je n’arrive pas encore à me déplacer sans, alors même si je supporte plus d’être vu un handicapé, je décide de ne pas prendre de risque et part avec.
Il me faudra moins de vingt minutes pour aller jusque chez les Dawson. Cela fait dix minutes que je suis devant la porte d’entrée et que je ne bouge pas. Je les entends rire et parler à travers la cloison. Ils ont l’air heureux et malgré tout ça me fait sourire. J’hésite encore un instant et je finis par appuyer sur la sonnette. Je crois que je tremble de la tête aux pieds. Je n’ai jamais été aussi nerveux de toute ma vie c’est certain. J’ai peur de l’accueil que va me réserver Alyssa. Si elle me rejette, je crois que j’aurais définitivement tout perdu. J’ai cruellement besoin d’elle, j’ai besoin de parler avec elle, j’ai besoin de ses câlins et de voir ses sourires. Je ferme les yeux et respire doucement quand j’entends des pas se rapprocher de la porte. C’est l’heure du verdict et j’ai la trouille de ma vie.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Mer 3 Juin - 1:04
«C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...»
Je jette un coup d’œil discret à mon téléphone portable, tandis que mon père et sa compagne se lance dans un débat, concernant la couleur des murs de la salle de bain. Honnêtement, je m’en fiche un peu. Je n’habite plus ici depuis quelques mois et même si j’adore passer du temps dans mon ancienne maison, avec ma nouvelle famille recomposée, je n’ai pas forcément besoin de donner mon avis. Je suis certaine que papa finira par craquer, de toute façon. Mon adorable belle-mère semble penser la même chose que moi puisqu’elle me lance un petit clin d’œil complice, avant de se lever pour débarrasser la table. Encore une fois, comme presque tous les dimanches, elle a fait des merveilles, elle nous a proposé un repas digne des plus grands restaurants et je ne peux que la remercier pour cela. Voilà à peu près trois ans que je la connais, qu’elle est entrée dans notre vie, je ne le regrette pas du tout, je suis franchement ravie de sa présence aux côtés de papa ; elle lui fait du bien, elle le rend heureux et surtout, elle a l’air de l’aimer de tout son être. Je ne pouvais pas rêver mieux pour celui qui a passé son existence à tout faire pour que je sois joyeuse, pour que je ne manque de rien. Il méritait de tomber sur une femme comme elle. Et vice versa. Je n’ai malheureusement pas le temps de m’étendre sur leur si joli couple, puisque qu’après quelques secondes, la sonnette de la porte d’entrée me fait sortir de mes pensées. Intriguée, je fais comprendre, d’un signe de tête, à mon père que je vais aller voir de qui il s’agit. Peut-être un voisin à qui il manque une bouteille de lait, ou alors l’un des enfants d’Anna, qui finalement a pu se libérer pour pouvoir avaler le dessert. Ce serait franchement génial, cela fait maintenant un petit moment que je n’ai pas passé un agréable moment avec ceux que je considère comme mes frères et sœurs. Avant de sortir de la salle à manger, je menace gentiment papa pour être sûre qu’il n’attaquera pas le gâteau au chocolat sans moi. Je suis extrêmement gourmande, je n’y peux rien. Bien entendu, cette discussion se finit dans un grand éclat de rire et je me dirige enfin vers l’entrée, conservant ma bonne humeur, ne pouvant m’empêcher de sourire.
Ma respiration se coupe. Ma tête tourne légèrement. Une boule se glisse lentement dans mon estomac, alors que mon cœur semble sur le point de vouloir exploser, de vouloir sortir de ma poitrine. Je n’arrive pas à y croire. Ce n’est tout simplement pas possible. Comment a-t-il pu ? Pourquoi ? Des milliers de questions m’assaillissent, un flot de souvenirs déferle dans mon esprit, j’ai la sensation d’être dans une autre dimension, de ne plus rien comprendre. Bientôt, mon regard trouve le sien. Comme avant, je perds totalement pied. Plus les secondes passent, plus je me noie dans le magnifique océan de ses yeux. L’espace d’un instant, j’ai l’impression d’être retournée quelques années en arrière, lorsqu’il n’était pas encore partit, lorsque tout allait pour le mieux entre nous. Je le dévisage, j’en suis consciente, mais je ne peux rien faire d’autre. Je ne trouve pas les mots, mon corps ne semble plus vouloir m’obéir, je suis totalement déconnectée de la réalité. Il n’y a que lui. Et moi. Je n’y crois toujours pas.
« Nathaniel… »
Que fait-il chez moi ? Pourquoi est-il là ? Que suis-je censée faire ? Dans quel état d’esprit se trouve-t-il ? Je ne m’attendais pas à cela. J’étais loin de me douter que ce repas chez mon père, me conduirait à des retrouvailles avec Nathaniel. Il est beau. Encore plus qu’avant. J’esquisse un léger mouvement vers l’avant pour le prendre dans mes bras, mais me stoppe avant même de l’avoir frôlée. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Je me mordille légèrement la lèvre et plante une nouvelle fois mon regard dans le sien, essayant, tant bien que mal, de ne pas perdre mes moyens, de ne pas totalement me laisser submerger par mes nombreuses émotions. Face à face, sur le perron devant la maison de mon père, nous jouons à qui tiendra le coup…
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Mer 3 Juin - 4:22
C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...
Skye & Blake
I BET MY LIFE ON YOU ✻✻✻ Je pensais avoir tout prévu pendant ces trois derniers jours. Vraiment. Je pensais être préparé. Je pensais que je pouvais lui faire face sans m’écrouler. Je m’étais mis le doigt dans l’œil et profond en plus. Je suis juste devant la porte d’entrée et pourtant je bloque déjà. Cette maison je la connais de fond en comble. J’ai passé tellement de temps ici avec Alyssa. On venait se réfugier ici parce que son père ne nous disait rien contrairement à ma mère qui faisait des crises quand j’osais ramener Alyssa à la maison. J’ai vraiment passé d’excellents moments ici et tous les souvenirs me brisent le cœur clairement. Je les entends parler. Ils ont l’air de passer un bon moment. L’espace d’un instant, je me demande si c’est vraiment une bonne idée de débarquer comme cela sans prévenir. Elle va me jeter. C’est sûr. Ou peut être pas. Merde, je sais plus. J’ai l’impression d’être un petit garçon de quatre ans d’un seul coup. Je déteste me sentir aussi faible. Pourtant je respire un bon coup et je finis par appuyer sur la sonnette. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien. Je dois la voir et il faut que je le fasse maintenant. J’entends des pas s’approcher de la porte et d’un seul coup mon cœur s’emballe. Le sang bat contre mes tempes, j’ai les mains moites et j’ai du mal à tenir debout d’un seul coup. Je ne me sens pas bien. Je suis à deux doigts de faire demi -tour. Franchement, cela ne servirait pas à grand chose avec ma béquille je serais pas bien loin quand la porte d’entrée s’ouvrira. Je ferme les yeux quelques secondes pour me redonner une certaine contenance et les rouvrent quand j’entends la porte s’ouvrir. Et là c’est le choc. Frontal. Brutal et douloureux. De toutes les personnes présentes dans cette maison, il fallait que ce soit Alyssa qui vienne ouvrir. J’ai l’impression de manquer d’air d’un seul coup, je dois avoir l’air d’un idiot à ouvrir et fermer la bouche comme un poisson hors de l’eau. Je suis incapable d’articuler le moindre mot et il semblerait qu’Alyssa soit dans la même situation. On se fixe l’un et l’autre pendant de longues secondes. Elle a changé. La petite jeune femme dont j’étais amoureux à grandis, elle est devenu plus mature on dirait. Elle est belle. A en crever. D’un seul coup, j’oublie tous les malheurs de ces derniers mois. J’oublie mon accident, le foot, la mort de mon père. J’en oublie également ma copine et les remarques de ma mère. J’oublie tout et de nouveau mon monde tourne uniquement autour d’Alyssa.
« Nathaniel… » J’essaye de lui sourire, mais je crois que cela ressemble plus à une horrible grimace. Elle s’approche, mais bloque son mouvement en plein air. Alors voilà. On en est arrivé là. Des années de silence et on est incapable de se parler une fois que l’on se retrouve ? Je ne sais plus quoi penser. J’ai envie de m’asseoir. Je me sens vraiment pas bien. Je reprends mon souffle et mon regard se plante dans celui d’Alyssa. Elle m’a tellement manqué. C’est juste impensable à quel point elle a pu me manquer. Je me déteste d’avoir entretenu ce silence entre nous. J’hésite un instant, mais je finis par poser ma béquille contre le mur pour avancer et prendre Alyssa dans mes bras. « Tu m’as tellement manqué princesse. » Princesse. D’aussi loin que je m’en souvienne, je lui ai toujours donné ce petit surnom et visiblement c’est quelque chose qui ne change pas. Cela m’a échappé, tout simplement. J’espère qu’elle ne va pas me rejeter d’un coup. J’ai envie et besoin de parler avec elle. Je me recule quelque peu et la regardant en souriant. Ca fait du bien d’être là. Je me sens de nouveau chez moi, pour la première fois depuis un mois je me sens bien. Je n’ose pas trop parler, comment lui expliquer la raison de mon retour si soudain sans lui faire peur. Comment lui dire que je perdais pied et que j’avais besoin de ma bouée ? « Je… Je veux qu’on arrête les bêtises Aly… J’ai trop besoin de toi. »
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Jeu 4 Juin - 20:34
«C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...»
Depuis combien de temps sommes-nous sur le perron de la maison de papa, face à face, immobiles, silencieux ? Depuis combien de temps sommes-nous là, à nous fixer, à nous jauger, sans oser faire le premier pas ? Comment avons-nous pu laisser les choses empirer à ce point, sérieusement ? Nous agissons comme des inconnus, comme des gens qui viennent tout juste de se rencontrer, alors qu’il y a quelques années, nous étions les meilleurs amis du monde. Et bien plus. Ouais, avec pas mal de recul et en étant totalement honnête envers moi-même, je dois bien admettre que je n’ai jamais considéré Nathaniel comme un simple pote, ou quelque chose comme cela. Je crois qu’à l’époque du lycée, j’avais un faible pour lui. J’étais carrément amoureuse de lui, en fait. Malheureusement, je n’ai jamais eu le courage de le lui dire, j’ai gardé ces sentiments pour moi, ne voulant pas gâcher notre si belle amitié, ne voulant pas prendre le risque de le perdre. La situation est assez ironique, quand on sait que cela est finalement arrivé ; il est partit en Australie, j’ai cru que je ne pourrai jamais m’en relever, j’ai cru ne pas pouvoir supporter son absence, puis après un certain temps, j’ai fini par passer à autre chose. Plus ou moins. Je ne suis pas parvenue à l’effacer complètement de mon existence, je ne suis pas parvenue à me détacher de son souvenir. Il a toujours fait partie de moi, en quelques sortes. Inévitablement. Maintenant, cinq ans après, je me rends compte qu’un simple regard, qu’un petit sourire, provoque encore une envolée de papillons dans mon ventre. C’est fou, je n’ai pas réussi à dépasser ce stade, malgré d’autres aventures, malgré les années. Je suis pathétique, sincèrement.
Pas tellement discrète, je continue de le reluquer, mon regard passe lentement de son visage à son corps et je remarque enfin la béquille. Je ne peux cacher un froncement de sourcils, me demandant bien ce qui a pu lui arriver. Je me surprends même à vouloir croiser les doigts pour que cela ne soit pas trop grave, pour que cela ne l’empêche pas de jouer au football. S’il a continué dans cette voie, bien évidemment. Un inconnu : Le terme ne me paraît plus aussi ridicule qu’il y a quelques minutes, parce qu’à l’évidence, je ne connais plus grand-chose de sa vie, de son quotidien. Cette pensée ravive une douleur longtemps ignorée, longtemps éteinte. J’essaie de ne pas trop y faire attention, me concentrant sur les prochaines paroles que je vais prononcer. J’en ai marre de ce silence pesant. Cependant, avant que je n’aie eu le temps de dire quoique ce soit, Nathaniel sort de sa torpeur et me prend dans ses bras, m’avouant dans un murmure à quel point je lui ai manqué. Je souris dans son cou lorsque je l’entends prononcer mon surnom. Princesse. Ca fait tellement longtemps que je n’ai pas été appelé comme cela. A vrai dire, je déteste lorsqu’une autre personne l’utilise. C’est quelque chose qui appartient entièrement à mon ancien meilleur ami, en quelques sortes. Je ferme les yeux. Je veux juste profiter de ces quelques secondes de calme, de ces quelques secondes dans les bras de celui que j’ai tant aimé. Que j’apprécie toujours énormément, d’ailleurs. Je respire son odeur, tout en laissant glisser mes mains sur son torse, je tente d’entendre les battements de son cœur et surtout, je réfléchis à la façon dont je veux aborder ces retrouvailles. Pour tout avouer, je n’arrive pas franchement à me défaire de cette boule au fond de mon estomac, je ressens encore cette sensation étrange, un mélange de joie, de tristesse et un certain malaise. Pour couronner le tout, il semblerait que je ne sois plus capable d’aligner deux phrases ; j’ai peur de ne pas trouver les mots justes, tout simplement. D’un côté, je suis terrifiée à l’idée de le faire fuir, une nouvelle fois, tandis que de l’autre, je ne me sens pas prête du tout à l’affronter. Que suis-je censée faire ? Je sors de mes rêveries lorsqu’il se détache de moi, bien trop rapidement d’ailleurs, et qu’il reprend la parole. Sans le faire exprès, j’imagine, il me touche. Alors, je baisse les yeux, ne voulant pas forcément qu’il voit les perles salées, qui commencent à les envahir. Ne vient-il pas un peu trop tard ? Ou justement, arrive-t-il au bon moment ?
« C’est tellement soudain… Je ne savais même pas que tu étais à Brighton, Nathaniel. Je… Tu es là et… Je suis perdue, complètement. »
Je pousse un léger soupire et je poursuis.
« Tu m’as énormément manqué, je ne peux pas le nier, mais… Je ne pensais plus jamais te revoir, je m’étais faite à cette idée et tu es là. Tu débarques comme ça, tu as besoin de moi et là, je me sens juste détestable. Super coupable. »
Je me mordille la lèvre. J’ai tout à fait conscience que mes yeux brillent, que je suis sur le point de fondre en larmes, mais je me bats pour ne pas craquer, pour tenir le coup.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Ven 5 Juin - 2:39
C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...
Skye & Blake
I BET MY LIFE ON YOU ✻✻✻ Je crois que je ne pourrais jamais réellement expliquer a quel point Alyssa a bien pu me manquer. Ce n’est pas un petit manque, c’est… Je ne saurais mettre des mots là-dessus. Même au bout de cinq ans, c’est une douleur qui reste présente et qui se réveille régulièrement. Au début, je pensais que je ne pourrais plus jamais avancer sans avoir des nouvelles d’Alyssa. C’est bien pour cela que j’ai continué à essayer de l’appeler pendant des semaines après mon arrivée en Australie. Je voulais qu’elle me parle, qu’elle me pardonne surtout. Je n’ai jamais compris pourquoi elle m’en a tellement voulu de suivre mes parents. Je sais que j’ai mes torts dans l’histoire, je sais que je n’aurais pas dû lu dire au dernier moment, mais elle n’a même pas essayé de comprendre ce que je lui disais. Cela m’a fait mal pour être honnête. Je pensais que rien ne pouvait nous séparer et pourtant… En quelques secondes, notre amitié est partie en fumée. Aujourd’hui, je ne suis plus sûr de comment on pourrait se qualifier. Est-elle toujours mon amie ? Ce serait dur de dire cela alors que nous n’avons pas communiqué pendant plus de cinq ans. Je ne sais même pas ce qu’elle fait de sa vie, je ne sais pas si elle vit encore avec son père ou si elle a un petit ami. Je ne sais pas ce qu’elle fait comme études ou comme travail. Je ne sais plus rien. Tout ce qu’il me reste c’est des souvenirs de ma meilleure amie. Cette fille que j’aimais plus que tout au monde et qui vit désormais dans mon passé. Enfin… Pas tant que cela. Tous les jours, un petit détail de la vie me fait penser à elle. Cela peut paraître horrible, mais il m’arrive de faire des comparaisons entre Andrea et Alyssa. Je sais que je ne devrais pas faire cela, mais je crois que c’est plus fort que moi. Personne ne connaît Alyssa en Australie. Je parle rarement d’elle et il y a une seule photo dans mon appartement. Rien de plus. Je lâche un petit soupire et me décide à bouger. Cela fait plus de dix minutes que l’on se fixe sans rien dire et je vais devenir dingue si on continue comme cela. Sans réfléchir, je m’avance vers elle et la prends dans mes bras. Je rêve de faire cela depuis cinq ans, alors même si elle me rejette en criant après, j’aurais au moins pu avoir un petit câlin de sa part. C’est tout ce que je demandais dans le fond. Enfin. Pour commencer.
« C’est tellement soudain… Je ne savais même pas que tu étais à Brighton, Nathaniel. Je… Tu es là et… Je suis perdue, complètement. » Je me retiens de lui dire que si son père n’avait pas été aussi têtu, elle aurait été au courant de mon retour, mais je préfère me retenir. Je ne veux pas qu’elle se dispute avec son paternel à cause de moi. « Tu m’as énormément manqué, je ne peux pas le nier, mais… Je ne pensais plus jamais te revoir, je m’étais faite à cette idée et tu es là. Tu débarques comme ça, tu as besoin de moi et là, je me sens juste détestable. Super coupable. » Je fronce les sourcils en récupérant ma béquille. Pourquoi elle se sentirait coupable ? Je sais que c’est elle qui a coupé les ponts, mais je crois que je ne lui en veux plus vraiment. Tout ce que je veux pour le moment c’est la retrouver. C’est tout ce dont j’ai besoin pour être honnête. Je lève les yeux vers elle et remarque ses larmes. « Non… Pleurs pas Alyssa. Je… Je suis pas là pour que tu te sentes coupable d’accord ? » Je déteste la voir pleurer. J’ai toujours détesté la voir pleurer encore plus quand j’ai l’impression que c’est de ma faute. Je commence à me sentir de plus en plus nerveux. « Je… Je peux tout t’expliquer d’accord ? Je suis là que depuis trois jours, c’est tout. Je… Je récupérais du décalage horaires avant de venir te voir et… » Je ne sais pas comment lancer le sujet. Comment lui expliquer que je suis là parce que depuis que mon père est mort je me sens tellement mal que j’ai juste besoin d’elle pour aller mieux ? « Je suis pas là pour te blâmer. C’est juste… » Je passe une main sur mon visage et soupire un bon coup. Il faut que je lui dise, j’ai besoin de lui dire. « Mon… Mon père est mort Alyssa. J’ai eu un accident qui a failli me coûter la vie… Tout ce que je veux c’est… La vie est trop courte princesse et je veux plus qu’on se cache derrière nos silences. Tu me manque cruellement depuis cinq ans et… Je suis là pour me faire pardonner. » Voilà. J’ai tout dit. Maintenant j’attends sa réaction avec anxiété.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Lun 8 Juin - 13:23
«C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...»
C’est compliqué. Lorsque je me suis réveillée ce matin, je me sentais plutôt bien. Joyeuse. Pour la première fois depuis longtemps, je ne ressentais pas le besoin de frôler les murs, de me cacher derrière un sourire forcé, je n’avais aucune envie de me morfondre et de faire une fixation sur mes nombreux problèmes. Non, je voulais simplement passer un agréable moment avec mon père et sa compagne, comme presque tous les dimanches. Je voulais profiter de la vie, en quelques sortes. Je ne m’attendais pas à vivre une journée aussi riche en émotions, aussi spéciale. Je ne m’attendais absolument pas à voir débarquer Nathaniel, mon ancien meilleur ami, en plein milieu d’un repas de famille. D’ailleurs, quelqu’un lui-a-t-il dit que j’étais ici, chez mon père ? Comment a-t-il pu savoir que nous n’avions pas changé nos traditions, nos habitudes ? A-t-on pris l’initiative de me cacher son retour et tout ce qui va avec ? En y réfléchissant bien, il me paraît évident que les seules personnes qui ont pu lui venir en aide, qui ont pu entrer en contact avec lui, d’une manière ou d’une autre, à mon insu, sont nos amis en commun et papa. Enfin bon, dans tous les cas, je n’ai franchement pas le droit d’être en colère, ou bien de leur en vouloir ; depuis son départ pour l’Australie, depuis cinq ans à peu près, je refuse presque catégoriquement d’aborder une conversation le concernant, de parler de nos souvenirs, de nos années lycée entre autres… Lorsque quelqu’un aborde le sujet, prononce son prénom, je fais mine de ne pas entendre, je me renferme et je peux même me montrer désagréable, piquante. La plupart du temps, mes potes, ma famille, comprennent très vite que la douleur est trop forte, trop présente, que la blessure n’est pas encore tout à fait cicatrisée, alors ils n’insistent pas. Ils ne veulent pas me voir retomber dans une mauvaise spirale, ils évitent donc de m’en parler, quelque soit la situation. Comment pourrai-je les blâmer de ne pas m’avoir prévenue de son retour à Brighton, alors que je suis la première à râler, à faire la tête, quand le fantôme du beau blond s’immisce dans l’une de nos discussions ? Bref. Peu importe. De toute façon, maintenant, il est là, devant moi. Je n’ai pas d’autres choix que de lui faire face, que de l’affronter, même si je ne me suis pas forcément préparée pour cela. Je ne peux pas m’enfuir en courant, je suis prise au piège, en quelques sortes. Malgré toutes les émotions qui me submergent, je dois me comporter comme une adulte, je dois écouter ce qu’il a à me dire et peut-être qu’au final, cela me fera du bien.
Après avoir luttée de très longues minutes, je ne peux pas m’empêcher de laisser échapper une multitude de larmes. C’est trop dur : Nathaniel est à quelques pas de moi et pourtant, il me paraît encore si loin… Pourquoi ne suis-je pas capable de briser cette barrière entre nous ? Pourquoi ne suis-je pas capable de m’ouvrir totalement à lui ? Je crois que j’ai trop peur de souffrir, d’être anéantie, je crois que j’ai trop peur de le voir disparaître, une nouvelle fois. En plus, il semblerait que j’ai vraiment du mal à me pardonner le fait d’avoir rendu les choses si difficiles entre nous. Je ne parviens pas à passer outre ; j’ai conscience d’avoir gâché notre amitié pour des conneries, j’en suis malade. Pour couronner le tout, ses paroles, qui se veulent chaleureuses et réconfortantes, ne font qu’aggraver mon état, ne font qu’augmenter mon malaise, malheureusement. Nathaniel est parfait, comme toujours. Il tente de trouver les mots justes pour m’apaiser, on dirait presque qu’il veut endosser le rôle du méchant de l’histoire, alors qu’il ne l’est pas du tout. Loin de là. Après avoir hésité un certain temps, ce qu’il finit par me révéler me brise le cœur. Littéralement. Je me rends compte que je n’ai pas été là pour lui, dans les moments les plus terribles, les plus pénibles, de son existence. Je sais à quel point son père était important pour lui, je sais que Nate le considérait comme un héro, un modèle et que sa disparition a dû l’affecter au plus haut point. Je le sais, mais je n’étais pas présente pour soutenir mon meilleur ami. Je pose une main sur mes lèvres pour camoufler mes sanglots, ayant beaucoup de mal à encaisser ses révélations. Mon regard fuit celui du jeune homme et se pose directement sur la béquille. Alors voilà, il a failli mourir dans un accident et je n’étais même pas au courant, je ne savais rien du tout. C’est tellement… Stupide et inimaginable, en fait.
Quels sont les autres évènements que j’ai ratés dans sa vie ? Pour quelle raison pense-t-il qu’il doit se faire pardonner ? Il n’a rien fait de mal, contrairement à moi. Je passe une main dans ma chevelure blonde et après l’avoir regardé dans les yeux pendant de trop longues secondes, j’avance doucement vers lui. Mon cœur fissuré, malmené, se met à tambouriner dans ma poitrine lorsque je suis enfin à sa hauteur. Délicatement et sans le lâcher du regard, je glisse l’une de mes mains dans la sienne. J’exerce une légère pression sur celle-ci, avant de murmurer, d’une voix tremblante : « Si tu savais à quel point je suis désolée pour ton père. Pour toi. Pour tout. » Je me rapproche un peu plus, laissant désormais mon autre main se balader de son visage à son cou. J’espère qu’il peut voir que je suis sincère et que je regrette amèrement de ne pas avoir pu être à ses côtés. « J’aurais dû être près de toi, j’aurais dû… Je… » Je ferme les yeux, essayant de rassembler mes idées, tentant de me concentrer sur lui et non sur mes sentiments. Etre aussi proche de Nathaniel me chamboule vraiment, me fait ressentir des choses que je pensais effacées, oubliées. Très loin, en gros. « Tu n’y es pour rien, tu n’as absolument rien à te reprocher, c’est… C’est moi. Je me suis montrée égoïste et vraiment trop têtue. Pardonne-moi… » Je plante de nouveau mon regard dans le sien. « Pardonne-moi d’avoir tout gâché, bébé »
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Lun 15 Juin - 5:10
C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...
Skye & Blake
I BET MY LIFE ON YOU ✻✻✻ Je savais parfaitement que nos retrouvailles n’allaient pas se dérouler comme dans un film. Bien sûr que je le savais. Je l’ai espérer pourtant. Dans l’avion, je me suis surpris à rêvasser qu’Alyssa aille me sauter dans les bras et que tout aille bien d’un seul coup. Qui ne rêveraient pas de cela après tout ? Ce serait tellement plus facile si on pouvait mettre toute la rancœur et tous les problèmes de côté. Pourtant, ce n’est pas le cas… Alyssa semble choquée, mais pire que tout j’ai l’impression qu’elle n’est même pas heureuse de me voir. J’ai le sentiment qu’elle est en train de monter un mur entre nous à la vitesse de la lumière. C’est comme si elle ne voulait absolument pas me laisser entrer dans sa vie à nouveau. Il est clair qu’une absence de cinq ans laisse des traces, mais je pensais avoir le droit à un sourire, je ne sais pas… C’est tellement bizarre. Nous sommes devenus deux étrangers et cela me fait incroyablement mal au cœur. Je crois que je n’avais pas besoin de cela pour être honnête. J’aurais aimé que tout soit plus facile. Pourtant, quand Alyssa ce met à pleurer, je comprends que rien ne sera facile. On en a trop bavé pendant cinq ans je crois. Je ne sais absolument pas ce qui a bien pu se passer dans son quotidien, mais un seul regard m’as fait comprendre que la Alyssa que je connaissais avait beaucoup changé. Je ne sais pas ce qui lui a arrivé, mais je sais que dans le fond ça ne va pas tant que cela. Je le ressens c’est tout. A croire que je reviens vraiment au bon moment. Enfin. Je n’en sais trop rien. J’espère qu’elle me parlera comme avant un jour. Je fais de mon mieux pour qu’elle ne pleurs plus. J’essaye de l’apaiser. Je ne veux pas la voir pleurer à cause de moi. Parce que oui je me sens plus responsable que jamais. Je sais parfaitement qu’elle a arrêté de me parler parce que j’ai décidé de suivre mes parents en Australie. C’est de ma faute si on a coupé les ponts, mais je suis là pour réparer les choses et parce que j’ai clairement besoin d’elle et de son soutien. Surtout en ce moment.
Je ne sais tellement pas comment aborder le sujet de mon retour que je finis par tout lâcher d’un seul coup. Je regarde à peine Alyssa, mais au final, je lui dis tout dans les grandes lignes. Je lui explique que mon père est mort et que mon accident m’a ouvert les yeux sur le fait que la vie est trop courte pour que l’on se prenne la tête sur des futilités. Je supporte plus la distance que l’on a mise entre nous. Il faut que l’on arrête nos conneries maintenant. Je ne repartirais pas d’ici sans être sûr que tout va bien entre Alyssa et moi. Comme avant. C’est tout ce que je demande. Enfin. Pour le moment, je crois qu’elle a surtout besoin de digérer tout ce que je viens de lui jeter à la figure. J’aurais peut être dû y aller plus doucement quand même. « Si tu savais à quel point je suis désolée pour ton père. Pour toi. Pour tout. » Pour être honnête, je n’ai pas envie qu’elle soit désolée. Tout ce que je veux, c’est qu’elle m’aide. Je veux lui parler, il faut que je fasse sortir tout ce que j’ai en moi. Toutes les choses que je n’ose pas spécialement dire à Andrea. Je veux retrouver l’épaule sur laquelle je me suis souvent reposé. « J’aurais dû être près de toi, j’aurais dû… Je… Tu n’y es pour rien, tu n’as absolument rien à te reprocher, c’est… C’est moi. Je me suis montrée égoïste et vraiment trop têtue. Pardonne-moi… Pardonne-moi d’avoir tout gâché, bébé » En me disant tout cela, elle c’est approcher de moi et je crois que j’ai perdu un peu le fil de la conversation pour être honnête. Tout ce que je vois c’est qu’Alyssa est drôlement près de moi et que mon cœur bat un peu trop vite. Je laisse ma joue reposer sur sa main. Je ne veux pas pleurer et pourtant je suis aux bords des larmes. Je crois que je suis à bout. J’ai besoin de craquer. « Je t’ai déjà pardonné depuis longtemps Aly… » Je renifle un peu et passe une main nerveuse sur ma nuque. Au fin de fond de ma petite tête, une voix me répète sans cesse que j’ai une copine et que je dois pas faire de connerie. De toute manière, je ne suis pas là pour cela même si Alyssa me chamboule complètement. Je renifle un peu et plonge mon regard dans celui de la jolie jeune femme. « J’en peux plus Aly… Je sais plus où j’en suis. Mon père m’a menti, je suis pas capable de marcher sans cette merde… » De colère je laisse tomber la béquille au sol et je regrette déjà sachant pertinemment que me baisser pour la récupérer sera douloureux. « Je peux plus jouer au foot, j’ai tout perdu… Je suis en train de toucher le fond. J’ai besoin de toi princesse. J’ai besoin que tu sois là. » J’espère sincèrement qu’elle va recevoir mon appel à l’aide.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Jeu 18 Juin - 1:08
«C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...»
Même s’il essaie de le dissimuler du mieux qu’il le peut, même s’il tente de rester fort, il est clair que Nathaniel semble perdu et désemparé. Il est dévasté, complètement. Comment ai-je pu ne pas m’en rendre compte plus tôt ? Comment ai-je pu passer à côté de son état, lorsque j’ai ouvert la porte, alors que je suis censée être sa meilleure amie, celle qui le connaît par cœur ? A l’évidence, j’étais bien trop occupée à me lamenter sur mon sort, sur mes misérables soucis, à me poser des questions idiotes, à croire que le monde tourne uniquement autour de ma petite personne, pour me rendre compte de sa détresse, de son mal-être. Encore une fois, je me suis seulement focalisée sur ce que je ressentais, sur ce que son retour impliquait dans ma vie, dans mes habitudes, je me suis montrée totalement égoïste. Pour ne pas changer, j’ai envie de dire. Je suis vraiment conne. Parfois, je me déteste. Je me dégoûte, même. Je ne me comprends pas et j’ai juste terriblement envie de me foutre deux claques pour me remettre les idées en place, pour qu’enfin je puisse me concentrer sur l’essentiel. Aujourd’hui, il est plus qu’évident que mon bien-être, que mes démons intérieures et autres conneries, ne font pas partie des priorités. Non, vraiment pas ; depuis qu’il m’a tout balancé, sans prendre de gants, concernant le décès de son père, concernant l’accident qui a failli lui coûté la vie, tout me paraît plus clair. Nathaniel a besoin d’une épaule, d’un soutien, d’un pilier, de son ancienne meilleure amie. Il a besoin de moi. Point final. Cette fois, je ne peux pas me permettre de me défiler, de l’abandonner, ou je ne sais quoi d’autre. Je ne peux pas me permettre d’agir comme une gamine, comme il y a cinq ans, en gros. Pour tout avouer, la détresse que je peux lire dans ses magnifiques yeux bleus, depuis quelques minutes déjà, m’en dissuade totalement. Il a l’air tellement fragile et vulnérable, à cet instant précis, lorsqu’il prend la parole, une nouvelle fois, pour me dire qu’il m’a pardonné depuis bien longtemps. Pour me confirmer qu’il n’en peut plus, qu’il croit avoir touché le fond, qu’il a réellement besoin de moi pour tenter de surmonter ces épreuves. C’est fou, même en fouillant dans mes plus anciens souvenirs, je ne me rappelle pas l’avoir déjà vu aussi mal. Cela me fend littéralement le cœur. J’ai la désagréable sensation de manquer d’air, de ne plus avoir le contrôle de mon corps, je suis comme pétrifiée, en réalité. Honnêtement, je crois que j’ai la trouille de ne pas réussir à l’aider, de ne pas réussir à faire le nécessaire pour qu’il se sente un peu mieux. A une certaine époque, je n’aurais jamais douté de moi, j’aurais été sûre d’être la bonne personne pour lui redonner le sourire, pour lui faire remonter la pente, mais maintenant, je ne sais plus. Je suis complètement perdue.
Combien de temps s’est-il écoulé depuis qu’il est arrivé chez mon père, depuis qu’il a interrompu notre repas ? J’ai clairement l’impression d’être dans une autre dimension, déconnectée de la réalité : Je ne sais plus où j’en suis, je ne sais plus comment je suis censée agir ou ce que je suis censée dire, pour le réconforter. Il me paraît clair que je dois lui faire comprendre que je vais l’aider, que cette fois, je vais me conduire comme une véritable amie. Cependant, pour le moment, à mon grand désarroi, je me contente de rester plongée dans mes pensées, je me contente de lui caresser tendrement le visage, de le fixer, de le contempler plutôt. Je suis carrément obnubilée par ses lèvres, si bien que je n’ai presque pas réagi lorsque dans un excès de colère, il a balancé sa béquille. Je suis irrécupérable, c’est dingue. Nathaniel vient de m’appeler au secours, ni plus ni moins, il a besoin de moi et la seule chose qui me traverse l’esprit, c’est que j’ai une immense envie de l’embrasser. Sérieusement ? Après cinq ans d’éloignement, de silence, j’en suis encore au même stade que lors de mon adolescence. Pathétique, c’est exactement ce que je disais. A défaut de pouvoir réellement le faire sans passer pour une cinglée, je me gifle intérieurement. Cette fois, je dois vraiment stopper le délire, je dois effacer, tant bien que mal, la culpabilité qui me ronge, et me concentrer sur le beau blond, sur les raisons qui l’ont poussé à revenir à Brighton. Qu’attend-il de moi, exactement ? Que… Et merde ! Ne voulant pas m’attarder sur les innombrables questions qui fusent dans mon cerveau, je décide de le prendre de nouveau dans mes bras. Cette fois, mes mains glissent dans son dos, alors que je pose délicatement ma tête près de son cou. Je suis pratiquement sûre qu’il peut sentir mon souffle chaud sur sa peau… Je reste plusieurs secondes dans cette position, puis me mettant sur la pointe des pieds, je finis par coller mon front au sien. La proximité me fait frissonner, mais je fais tout pour rester fixée sur mon objectif, sur ce que je vais lui dire, maintenant.
« Tu avais raison tout à l’heure ; on doit arrêter les bêtises, on doit cesser de se cacher derrière notre fierté, alors… Je sais que tu as l’impression que jamais tu n’arriveras à sortir de ce gouffre, je sais que tu as l’impression d’avoir tout perdu, mais… Ce n’est pas le cas, Nathan. » Je m’écarte de quelques centimètres, pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. Un petit sourire se dessine sur mon visage, tandis que je continue, doucement : « Tu te souviens de la promesse que l’on s’était fait, peu après notre rencontre ? Je t’avais dit que je serais toujours là pour toi et… Je ne l’ai pas tenu. J’ai merdé, complètement. Seulement, je crois qu’il est temps que je rectifie cela, je crois que… Tu es là et moi-aussi. Je ne te lâcherai pas. ». Entre me laisser bouffer par la culpabilité et tenter de me racheter, de récupérer celui qui a toujours compté plus que les autres, mon choix est fait. « Quoiqu’il arrive, je suis là, maintenant.»
Je me mordille la lèvre. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mais je m’en fous. Je me sens presque soulagée et légèrement plus sereine.
« Alyssa chérie, qu’est-ce que tu fabriques, ça fait au moins une demi-heure que tu es… Oh, Nathaniel. Quelle surprise ! »
Je sursaute et fait volte face. Instinctivement, je m’éloigne un peu du jeune homme, ne voulant pas que mon père se fasse des idées, ou qu’il balance l’une de ses réflexions dont il a le secret. Bizarrement, il n’a pas l’air très surpris de voir Nathan ici et cela a pour effet de me faire froncer les sourcils. On règlera cela plus tard, c’est certain. Pour le moment, je dois éviter à mon ancien meilleur ami de subir un interrogatoire ou pire, alors je finis par dire :
« Ecoute papa, euh… Nathaniel et moi, on… On a pas mal de choses à rattraper, à se raconter, alors… Je crois qu’on va monter dans ma chambre. Enfin, mon ancienne chambre. Pour discuter, seuls, tu vois…»
Je sens le rouge me monter aux joues, mais je n’ai pas franchement envie que papa se mêle de nos histoires et tout ce qui va avec. Je jette un coup d’œil à Nathaniel pour voir s’il est d’accord. Avant d’avoir sa réponse, je vais récupérer sa béquille, jetée au sol quelques minutes auparavant, pour la lui remettre. Voilà, je lui ai clairement proposé de rentrer chez moi, chez papa plutôt, comme avant. Je lui ai ouvert la porte, dans tous les sens du terme.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Dim 21 Juin - 5:18
C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...
Skye & Blake
I BET MY LIFE ON YOU ✻✻✻ J’ai toujours été un garçon empli de joie. Petit, j’étais assez timide c’est vrai, mais en grandissant j’ai commencé à me faire des amis et ma timidité à rapidement disparu. Cela m’arrive encore de rougir dans certaines situations, mais depuis le Lycée je suis devenu bien plus sociable. Je suis très ouvert, je suis toujours en train de rire et je suis le premier pour faire des blagues pourries. En réalité, la plupart du temps, je me cache derrière mon sarcasme. C’est un peu mon moyen de défense. Je déteste montrer mes faiblesses. Je sais que c’est idiot, mais c’est comme ça. Personne ne doit savoir quand ça ne va pas. Je suis toujours en train de le cacher. Enfin… C’est comme cela que je fonctionnais avant. Jusqu’à mon accident. C’est à ce moment là que la carapace à commencer à se fissurer. Du moment où on m’a annoncé que je pourrais sans aucun doute jamais rejouer au foot de toute ma vie, j’ai commencé à perdre pied. Je ne voulais pas le croire, c’est bien pour cela que j’ai parlé à personne pendant des semaines, je voulais que l’on me laisse tranquille. Malheureusement mon silence n’as rien changé, j’ai toujours un problème au genou et je suis incapable de marcher sans ma béquille. Alors j’ai commencé à m’ouvrir un peu à Andrea, mais juste un peu… Puis mon père est mort et c’est à ce moment là que j’ai compris qu’il fallait que je revienne chercher Alyssa. Elle est la seule à qui j’ai envie de me confier. Je sais que je vais pouvoir lui dire tout ce que j’ai sur le cœur, je sais que je vais pouvoir pleurer sans qu’elle ne se fasse du souci pendant des semaines et surtout sans qu’elle me prenne la tête. Puis je veux retrouver ma meilleure amie. C’est tout ce que je demande. Ca suffit cinq ans de séparation, on a trop joué aux idiots tous les deux. Il faut qu’on arrête de se mettre la tête dans le sable et que l’on se dise enfin tout ce qui ne va pas. Je suis là pour rattraper le temps perdu, pour mettre les choses à plat et surtout, surtout pour qu’elle ne reparte plus jamais de ma vie.
J’ai un peu du mal à parler pour commencer, mais finalement je lâche tout ce que j’ai sur le cœur. Ou presque. Je ne peux pas tous lui dire d’un seul coup, je crois que je lui en ai déjà trop dit vu la tête qu’elle fait. Je sais que ce n’est pas évident à tout prendre en compte, mais il fallait que ça sorte, je ne pouvais pas tout garder pour moi. Ca fait bien trop longtemps. Je suis en train de bouillir de l’intérieur et c’est vraiment mauvais. L’espace d’un instant, j’ai le sentiment qu’Alyssa ne m’écoute absolument pas et cela ne fait que m’énerver encore plus. Je suis venu chercher son soutien et elle ne m’écoute pas… J’aurais jamais dû faire tout ce chemin, j’aurais dû m’en douter après tout non ? Cela fait cinq ans qu’elle a coupé les ponts avec moi, cinq ans qu’elle n’a jamais répondu a aucuns de mes appels. Bien sûr qu’elle ne voulait pas me voir. Elle a dû me remplacer depuis le temps. Je suis idiot putain… J’allais faire demi-tour quand elle finit par réagir. Elle caresse doucement ma joue et je m’apaise en quelques secondes seulement. A croire qu’il y a des choses qui ne changeront jamais. Une caresse et elle m’apaise. Je soupire un peu, mais finis par me détendre. Il faut que j’arrête de monter sur mes grands chevaux aussi rapidement ces derniers temps. Elle est tellement proche de moi que j’entends mon cœur rater plusieurs battements. Il suffirait que j’avance mon visage d’un petit centimètre et nos lèvres se toucheraient. Oui. Mais non. Je dois pas penser comme cela. Il ne faut pas que j’oublie Andrea, surtout pas. Je ne suis pas le genre de garçon qui trompe sa copine, pourtant… C’est Alyssa en face de moi. Parle Alyssa. Dit quelque chose avant que je fasse une connerie. Par pitié.
« Tu avais raison tout à l’heure ; on doit arrêter les bêtises, on doit cesser de se cacher derrière notre fierté, alors… Je sais que tu as l’impression que jamais tu n’arriveras à sortir de ce gouffre, je sais que tu as l’impression d’avoir tout perdu, mais… Ce n’est pas le cas, Nathan. Tu te souviens de la promesse que l’on s’était fait, peu après notre rencontre ? Je t’avais dit que je serais toujours là pour toi et… Je ne l’ai pas tenu. J’ai merdé, complètement. Seulement, je crois qu’il est temps que je rectifie cela, je crois que… Tu es là et moi-aussi. Je ne te lâcherai pas. Quoiqu’il arrive, je suis là, maintenant. » D’un seul coup, je me sens vraiment mieux. C’est dingue le pouvoir qu’elle a sur moi. Je lui fais un petit sourire et hoche la tête. « On a pas mal de choses à mettre au clair Alyssa… » J’ai besoin d’avoir des explications pour être honnête. Je veux savoir pourquoi elle m’a totalement rayer de sa vie, après tout je n’avais rien fait de mal. Je suis parti pour suivre mes parents c’est tout. Je sais que je lui ai dit au dernier moment, mais quand même… Je méritais pas qu’elle me raye de sa vie de cette manière, pas avec le lien qui nous unissait tous les deux. J’allais ajouter quelque chose quand son père arrive et fait éclater notre petite bulle. Je suis un peu déstabiliser, mais tends la main en souriant. « Bonjour monsieur. » Je vois bien qu’il essaye de faire comme s’il était surpris et cela me fait sourire, mais d’un seul coup Alyssa semble réagir et elle me rend ma béquille en disant que l’on va s’isoler tous les deux pour discuter. Je la regarde et hausse les sourcils. Oui remarque, il vaut mieux que l’on soit tous les deux. C’est mieux comme cela. Je récupère ma béquille et la suit.
Face aux escaliers, je bloque un peu. Je connais cette maison par cœur, je sais que les escaliers sont assez raides et par conséquent je sais que je vais avoir mal à la jambe dès la deuxième marche. Pourtant je ne dis rien, je serre les dents et je commence à monter. Doucement. Je prends mon temps. Arriver en haut, j’ai chaud et j’ai vraiment mal. Je pourrais en hurler de douleur, mais je dis rien. Je dois être tout rouge, mais je respire un bon coup et je finis par suivre Alyssa dans son ancienne chambre. Il faut que je m’assois et vite. Je prends place sur le lit qui restait au milieu de la chambre et essaye de desserrer les dents tout en regardant Alyssa. J’ai envie qu’elle vienne s’asseoir près de moi et de la prendre dans mes bras, mais je n’ose pas demander. On se regarde un peu tous les deux et je finis par lui sourire. « Avant qu’on parle de quoique ce soit, j’ai besoin de savoir quelque chose Alyssa… » J’hésite un peu, mais finis par me lancer : « Pourquoi est-ce que tu m’as rejeté comme cela ? Je sais que… Enfin j’aurais dû te prévenir de mon départ dès que je l’ai su, mais… Je méritais pas autant de déni. Enfin je crois. J’ai essayé de t’appeler tellement de fois et t’as jamais répondu. Noa m’as dit que tu voulais même pas entendre parler de moi. C’est quoi le souci alors ? » Je sais que j’y vais fort, mais j’ai plus envie de prendre des gants, je veux juste savoir pourquoi avant de me confier à elle un peu plus.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Mar 23 Juin - 0:45
«C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...»
« On a pas mal de choses à mettre au clair Alyssa… » « Je sais ». Oui, je suis tout à fait consciente que je dois de nombreuses explications à Nathaniel. Je suis tout à fait consciente qu’il a le droit de savoir pourquoi je me suis comportée de cette façon après l’annonce de son départ pour l’Australie, pourquoi j’ai refusé de lui parler pendant si longtemps, pourquoi j’ai décidé de le rayer totalement de ma vie, ni plus ni moins. Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Les choses auraient-elles été différentes s’il n’avait pas décidé de revenir à Brighton, s’il n’avait pas fait le premier pas ? Aurais-je été capable de retourner vers lui, aurais-je été capable de me remettre en question, pour regagner son amitié et sa confiance ? Je n’en suis pas certaine. Il est vrai que plus d’une fois, j’ai composé son numéro, j’ai voulu le joindre, pour entendre sa voix, son rire, il est vrai que plus d’une fois, j’ai voulu lui avouer à quel point il me manquait. A quel point je me sentais coupable et stupide de l’avoir laissé partir, comme ça. Je lui ai écrit de nombreuses lettres, dans lesquelles je ne cachais rien de mes sentiments à son égard, mais je n’ai jamais eu le courage de les envoyer, je n’avais pas son adresse, de toute façon. Bref. Dans tous les cas, je ne suis franchement pas sûre que ce soit une bonne chose de m’attarder sur ces questions, sur ce raisonnement, parce que maintenant, il est là, juste devant moi. C’est la seule chose qui compte. C’est le principal, non ? Je me concentre donc sur mon ancien meilleur ami, appréciant, de plus en plus, son contact, me sentant réellement mieux, depuis plusieurs minutes. Depuis que je suis quasiment dans ses bras, pour tout dire. C’est dingue, j’ai l’agréable impression que nous sommes revenus cinq ans en arrière, lorsque tout allait bien entre nous, lorsque nous étions soudés comme jamais. J’ai l’agréable sensation d’avoir retrouvé mon cocon, mon monde, ce lien entre lui et moi, que personne ne pouvait comprendre, que personne ne pouvait nous enlever, en quelques sortes. Tandis qu’un léger sourire se dessine sur mes lèvres, la voix de mon père me ramène brutalement à la réalité, brisant cette espèce de bulle dans laquelle nous avions trouvé refuge, dans laquelle nous nous étions, plus ou moins, retrouvés.
Après avoir légèrement sursauté, je fais volte-face, ne pouvant m’empêcher de m’écarter du jeune homme, instinctivement. Je connais mon père, par cœur ; je sais qu’il a toujours apprécié Nathaniel, je sais qu’il se doute des sentiments que j’ai éprouvés pour celui-ci durant mon adolescence, mais je n’ai pas forcément envie qu’il s’en mêle, qu’il fourre son nez dans mes histoires sentimentales, ou bien amicales. Je n’ai pas forcément envie qu’il se fasse des idées ou quelque chose dans ce goût-là. Malgré notre proximité, malgré nos gestes tendres, rien n’est encore résolu entre le blond et moi. Loin de là. Je chasse ces quelques pensées de mon esprit et fronce les sourcils lorsque Nathaniel salue mon père, un sourire aux lèvres. Bizarrement, je trouve que papa n’a pas l’air réellement surpris par la présence du jeune homme, bien au contraire. Le pire dans tout cela, c’est qu’il essaie de jouer la comédie, il tente de paraître naturel et crédible, mais c’est franchement catastrophique. Il est clair que je vais devoir avoir une conversation avec lui, je n’aime pas ce genre de plan. Pas du tout. Cependant, je ne me focalise pas sur cette éventuelle petite trahison, je préfère éviter à Nathan de subir un interrogatoire, ou pire. Je lui propose donc de rejoindre mon ancienne chambre pour continuer notre discussion, pour pouvoir aborder certains sujets délicats dans le calme, sans être dérangé. A peine ai-je le temps de finir ma phrase, que je sens leurs regards sur moi, ils mes fixent intensément. L’un est plutôt inquiet, l’autre est surpris. Presque immédiatement, je rougis, ayant l’impression d’avoir sorti des paroles déplacées ou d’avoir carrément fait une proposition indécente à mon ami. Je ne sais plus où me mettre, alors très rapidement, après avoir rendu la béquille à Nate, je me faufile à l’intérieur de la maison. Au passage, j’adresse un sourire rassurant à papa. Ne pas vouloir qu’il s’immisce dans cette histoire, ne veut pas dire que je ne l’aime pas, que je veux le tenir à l’écart de mon existence. Non, certainement pas. Seulement, je crois qu’il est préférable que nous soyons en tête à tête. C’est tellement compliqué.
Dieu merci, nous ne croisons pas ma belle-mère. Ce n’est pas que je ne l’apprécie pas, mais je n’ai pas très envie de faire les présentations, pour le moment. Pour être totalement honnête, je ne désire plus qu’une seule chose : Etre tranquille avec Nathaniel et pouvoir enfin lui parler. Vraiment. Ouais, je ressens le besoin d’en savoir plus sur son accident, sur son père, sur les détails de sa vie en Australie, je veux récupérer les morceaux du puzzle qu’il me manque. Cinq ans, c’est long. Trop long. Je souhaite simplement rattraper le temps perdu et venir en aide à celui qui a toujours été le numéro un dans mon cœur. Et merde ! Quelle conne ! Pourquoi ai-je pris la décision de le faire monter dans ma chambre, déjà ? Je lui lance un petit coup d’œil inquiet et je commence à grimper les marches de l’escalier, tout en restant silencieuse. Ce n’est pas possible, je fais carrément tout de travers, lorsque je suis en sa présence ; ne m’était-il pas possible de penser à sa blessure avant de lui proposer de nous isoler ? J’espère qu’il ne va pas trop souffrir, en tout cas. Enfin bon, même si c’est le cas, je suppose qu’il ne me le dirait pas. C’est Nathaniel.
Quelques minutes s’écoulent et nous arrivons finalement dans la pièce où j’ai passé une grande partie de mon enfance. Rien n’a changé, ou presque. Bien entendu, j’ai emporté mes vêtements, quelques objets de décoration, des bouquins et bien d’autres reliques, pour mon appartement, mais ici, je me sens encore dans mon élément, chez moi autrement dit. Ca ne changera jamais, à l’évidence. Je parcours la salle du regard et finit par me plonger dans celui de Nathan, désormais installé sur le lit. Une nouvelle fois, des milliers de papillons semblent prendre leur envol dans mon ventre, il est beau. Je n’ai malheureusement pas le temps de m’attarder sur son physique, puisqu’après un sourire, il recommence à parler. Je l’écoute et je détourne les yeux, mal à l’aise. Nous y voilà… J’hésite longuement, mais je finis tout de même par le rejoindre. Je m’installe à côté de lui, gardant une distance de sécurité, pour être sûre d’avoir le contrôle de mes émotions, pour être sûre de ne pas me laisser distraire par ses lèvres ou son odeur. Clairement, ce n’est pas le moment de divaguer, d’avoir envie de l’embrasser ou je ne sais quoi. Je dois lui donner des explications sur mon comportement et je ne sais absolument pas comment aborder cela. J’ai la trouille. Suis-je censée lui dévoiler toute la vérité, ou dois-je faire abstraction de quelques passages ? Mon dieu seigneur, comment vais-je faire ? Je suis fichue.
« Nathaniel, je… » Je ne peux pas. Je n’y arrive pas. C’est trop difficile. Je n’étais pas préparée pour cela, je… Aller, stop, je souffle un bon coup et ferme les yeux. « … Je ne sais pas quoi te dire, je ne sais pas par où commencer, je… Ce n’était pas à cause de toi. Vraiment pas. Ce soir-là, je n’étais pas forcément très bien, je n’avais pas envie d’être à cette fête, parce que… » Je sens les larmes piquer mes yeux. Je pensais que cette blessure était fermée, cicatrisée, mais il faut croire que j’avais tort. Je n’ai pas parlé d’elle, je n’ai pas pensé à elle, depuis des années, et pourtant… « Ce jour-là, j’ai reçu un email de ma mère : Elle m’expliquait qu’elle ne voulait plus que je la recontacte, qu’elle avait refait sa vie et qu’elle ne souhaitait pas que j’en fasse partie. Quatre misérables lignes, pour me dire que je n’étais rien à ses yeux… » Je marque une pause. J’ai besoin de souffler, je n’ai franchement pas envie de m’écrouler. Pas à cause d’elle. « Et puis, tu m’as annoncé ton départ. Je sais que ça va te sembler stupide et certainement disproportionné, mais… J’ai eu l’impression que tu m’abandonnais toi-aussi, que tu me laissais seule, complètement. ». Je passe une main dans ma chevelure blonde. J’ai pris la décision de ne pas lui parler de ma tentative de suicide, il n’a pas besoin de le savoir. Pas encore, du moins. Je ne veux pas qu’il se sente coupable, ce n'était pas à cause de lui. Je me suis montrée faible, c’est tout. J’essuie les perles salées qui dévalent mes joues depuis de trop nombreuses secondes et le regarde. J’ai tellement peur de sa réaction, de ce qu’il va penser de moi. Après une légère réflexion, je décide de rajouter, la voix tremblante :
« Quand tu es parti, c’est comme si je ne pouvais plus respirer, c’est comme si… Je ne sais pas. Tu appelais, tu insistais et c’était pire, j’avais la sensation d’être à l’agonie. J’ai cru qu’en te laissant totalement disparaître de mon existence, tout redeviendrai normal. Avec le temps, après de longs mois, j’ai fini par me convaincre que j’avais pris la bonne décision. Le poids dans ma poitrine semblait être moins lourd et… Aujourd’hui, je me rends compte qu’encore une fois, j’avais tort, je m’étais tompée. »
Ouais, parce que là, maintenant, je respire vraiment.
Sujet: Re: C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup... ❞ ALYSSA Jeu 2 Juil - 0:32
C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup...
Skye & Blake
I BET MY LIFE ON YOU ✻✻✻ Pourquoi j’ai accepté de monter avec elle déjà ? Je sais que l’on a besoin d’un temps intime tous les deux. On a besoin de se poser quelque part de confortable et où l’on pourra se dire tout ce que l’on a sur le cœur, parce que je pense que l’on a réellement beaucoup, mais alors beaucoup de chose à se dire. Il faut que ça sorte. Cinq ans de silence c’est beaucoup trop pour être honnête. Je crois que je suis arrivé à un point où si je ne dis pas ce que j’ai à dire, je vais finir par exploser. Enfin. Je dois suivre Alyssa d’abord. C’est plus compliquer que ce que je l’avais prévu. On a pas d’escaliers dans notre appartement avec Andrea. Depuis ma blessure, je n’ai jamais repris un escalier. Je sais que je peux le faire, enfin je crois que je peux le faire. L’espace d’un instant, je vois Alyssa me jeter un regard inquiet. Rien que pour cela, je veux lui montrer que je peux le faire. Je ne suis pas faible. J’ai pas changé. Je vais bien ! Je serre les dents et commence à monter les marches. Merde. J’avais oublié a quel point il était raide cet escaliers. Pendant cette montée, je me retrouve confronter à ma plus grande peur : ne jamais retrouver la pleine mobilité de ma jambe. J’ai l’impression que je vais fondre en larmes au milieu des escaliers. Pourtant je ne laisse rien paraître. Je ne veux pas qu’Alyssa comprenne à quel point tout à changer dans ma vie. Je déteste me montrer faible, mais c’est pire devant Alyssa. Je respire un bon coup et je reprends mon ascension jusqu’en haut. Je respire lourdement et finis par aller m’asseoir sur le lit de mon ancienne meilleure amie. Dans un sourire, je regarde autour de moi. Il paraît évident qu’elle ne vit plus ici. Il y a beaucoup de choses qui ont disparu, notamment les photos qui ornait autre fois le mur. Mais il reste quand même des bribes de souvenirs, des petites choses qui me font sentir comme à la maison. Pour la première fois en un mois, je me sens bien. Je me sens détendu. Enfin un peu. Parce que je ne me voile pas la face et je sais parfaitement que la conversation à venir ne vas pas franchement être de toute gaieté.
« Nathaniel, je… Je ne sais pas quoi te dire, je ne sais pas par où commencer, je… Ce n’était pas à cause de toi. Vraiment pas. Ce soir-là, je n’étais pas forcément très bien, je n’avais pas envie d’être à cette fête, parce que… Ce jour-là, j’ai reçu un email de ma mère : Elle m’expliquait qu’elle ne voulait plus que je la recontacte, qu’elle avait refait sa vie et qu’elle ne souhaitait pas que j’en fasse partie. Quatre misérables lignes, pour me dire que je n’étais rien à ses yeux… Et puis, tu m’as annoncé ton départ. Je sais que ça va te sembler stupide et certainement disproportionné, mais… J’ai eu l’impression que tu m’abandonnais toi-aussi, que tu me laissais seule, complètement. » Cette soirée-là, je crois que je m’en souviendrai toute ma vie. Je me souviens encore de comment on c’était retrouver tous les deux dans le jardin à regarder les étoiles, comment je m’étais senti proche d’Alyssa puis comment je lui ai annoncé que j’allais partir et pour finir sa réaction. Oui c’est quelque chose que je n’oublierai jamais puisque c’est la dernière fois que j’ai parlé à Alyssa. La dernière fois où je l’ai vu, la dernière fois où je me suis senti bien chez moi. Voilà tout ce que représente cette soirée pour moi. Et maintenant j’apprends pourquoi elle a réagit de cette manière et j’ai juste envie d’avoir le pouvoir de revenir cinq ans en arrière. J’aurais dû le savoir. Je suis tellement con. J’aurais dû savoir que quelque chose n’allait pas ce soir-là. Ce n’était pas normal qu’elle réagisse de cette manière. Merde… J’aurais vraiment dû m’en douter. J’aurais dû insister au lieu de la laisser partir comme ça. Merde… Je passe une main sur mon visage et soupire longuement. J’ai toujours détesté sa mère et pourtant je ne l’ai jamais connu. Le jour où j’ai fait la connaissance d’Alyssa, sa mère partait. Depuis personne ne l’as jamais réellement revu et encore moins Alyssa. J’ai mal au cœur pour elle. Elle a toujours voulu connaître sa mère. C’est quelque chose que je comprends dans le fond. Je n’ai jamais été séparé de mes parents, mais ça doit être un sacré manque. Pourtant, sa mère n’a jamais voulu reprendre contact avec elle. « Alyssa… » Je ne sais même pas par où commencer. De toute manière, je n’ai même pas le temps de rajouter autre chose qu’elle parle de nouveau.
« Quand tu es parti, c’est comme si je ne pouvais plus respirer, c’est comme si… Je ne sais pas. Tu appelais, tu insistais et c’était pire, j’avais la sensation d’être à l’agonie. J’ai cru qu’en te laissant totalement disparaître de mon existence, tout redeviendrai normal. Avec le temps, après de longs mois, j’ai fini par me convaincre que j’avais pris la bonne décision. Le poids dans ma poitrine semblait être moins lourd et… Aujourd’hui, je me rends compte qu’encore une fois, j’avais tort, je m’étais trompée. » Alors voilà où on en est après cinq ans. Tout est basé sur des non dit. Nous qui avions l’habitude de toujours tout se confier, on se retrouve entourer par les mensonges. Pour être honnête, je ne me sens pas très bien d’un seul coup. Encore plus lorsque je remarque qu’Alyssa pleurs à côté de moi. Sans réfléchir plus longtemps, je me rapproche d’elle et la serre contre moi. « Je suis là maintenant princesse. Et je vais nulle part. » J’ai besoin de la rassurer. J’ai besoin qu’elle sache que je suis là pour elle et que je l’aime toujours autant. Qu’elle est ma princesse avant tout. Avant Andrea même. C’est certain. Je n’ai jamais réellement douté de cela de toute manière. « Je t’abandonnais pas tu sais. Jamais. C’est pas ce que je voulais. Je… Je voulais juste suivre mes parents c’est tout. Je pensais qu’on resterait en contact tu vois, avec Skype et tout ça. Je parle toujours à Noa tu sais… » Je me retiens d’ajouter que lui au moins il ne m’a pas rayé de sa vie. D’un seul coup, je ressens toute la colère que j’avais enfoui au fond de moi ressortir. C’est jamais bon ce genre de chose. Jamais. « Je t’ai appelé un million de fois Alyssa. Ca t’a jamais traversé l’esprit de me répondre ? De me dire ce qui se passait ? Ce que tu ressentais ? Tu te rends compte ? J’ai perdu ma meilleure amie parce que je voulais réaliser mon rêve de foot. T’as pensé qu’à toi. Le pire c’est que si tu m’avais demandé de rester je l’aurais fait. Pour toi tu vois ! » Je soupire et me lève en grimaçant d’un coup. « J’aurais pas dû venir ici. Fait chier ! Tu m’as vraiment rayé de ta vie quoi. Noa avait raison si tu voulais plus parler de moi c’est pour une raison. » Je passe une main sur mon visage et soupire à nouveau. Je voulais pas m’énerver, mais je crois qu’il fallait que ça sorte quand même. Il le fallait, même si je veux pas me disputer avec elle. « T’as même pas décroché quand mon père t’as appelé alors que j’étais à l’hôpital. Tu m’as oublié en fait… C’est ça ? »